ÇA NOUS AGACE ! LES ERREURS COURANTES DE CONCEPTION DANS LES HÔTELS
« Se tromper dans la conception et la rénovation de son hôtel peut coûter très cher »
Créer ou rénover un hôtel coûte évidemment cher. Or, malgré les précautions et parfois la grande expérience des exploitants/propriétaires, il subsiste très souvent de nombreuses erreurs de conception.
Elles sont d’autant plus énervantes que l’on estime que ces défauts, parfois graves, font monter les coûts de rectifications à plus de 30 % et jusqu’à 60 % de l’investissement initial ! Sans parler du temps perdu et de la gêne pour les clients et le personnel.
ON NE CHOISIT PAS TOUJOURS DES PROS
Des hôtels se créent, des hôtels se rénovent mois après mois. Quelquefois, l’hôtelier fait appel à un designer ou à un décorateur qui connaît le monde hôtelier.
Il arrive également — fréquemment — que ces intervenants n’y connaissent rien, ne sachent pas comment fonctionne un hôtel et ignorent également les attentes et les modes de vie des clients à l’hôtel.
Parfois on opte pour eux pour qu’ils apportent un regard neuf sur l’hôtellerie. Mais, le résultat est n’est pas toujours convaincant tant sur le plan pratique qu’esthétique.
Souvent, l’hôtelier s’occupe du décor lui-même. Généralement, c’est d’ailleurs « madame » qui prend cette tâche en main, avec passion, comme une chasse gardée. Pour les aider, les hôteliers ont la chance d’avoir à leur disposition un grand nombre de fournisseurs de produits d’équipement, spécialisés dans l’hôtellerie.
Le résultat de ces deux types d’interventions — avec un pro ou fait « maison » — se verra très vite après coup (coût). En bien ou en mal.
LE TRAVAIL D’AMATEUR SE VOIT TOUT DE SUITE
Car, les erreurs de conception sont fréquentes dans les hôtels. Des anodines, mais aussi des plus graves. Soit, elles se font au détriment de l’usage par les clients, avec des problèmes d’ergonomie ou de solidité ; soit, elles sont gênantes pour la femme de chambre qui ne peut pas faire correctement son travail. Soit les deux.
Ne parlons pas des achats non professionnels. Équiper ou décorer son hôtel avec des fournitures, produits et équipements non adaptés à l’usage hôtelier arrive régulièrement. Ce n’est pas dans les magasins grand public que l’on peut trouver des matériels hôteliers idoines.
Une jolie moquette, mais pas du tout faite pour un hôtel, s’usera à grande vitesse. C’est navrant, et source de gaspillage et de mauvaise image. Du matériel qui casse, qui tombe trop facilement en panne, qui ne supporte pas le passage des nombreux clients, c’est du gâchis et c’est hautement contre-productif. Des revêtements non traités « non feu » peuvent mener à la catastrophe.
LES FAUSSES BONNES IDÉES
Les hôteliers ne sont pas tous des débutants. Mais, même les plus chevronnés commettent ou laissent commettre de nombreuses bourdes.
On les trouve également faites par des grands groupes hôteliers pour leurs filiales, telle cette baignoire-douche avec pare-douche circulaire (qui entoure l’utilisateur), très bien au demeurant. Mais, elle nécessitait que la femme de chambre s’enferme dans l’espace douche pour en nettoyer l’intérieur, pieds nus. Anti-productif au possible, humiliant et fatigant.
Il existe les fausses bonnes idées pour faire plus écolo, comme le WC à économie d’eau. Sauf qu’il faut actionner la chasse d’eau de nombreuses fois pour évacuer correctement son contenu. Ou les lampes à faible éclairement qui imposent d’en allumer d’autres pour y voir clair. Ou encore les salles de bains ouvertes sur la chambre (souvent parce qu’elle est très petite) qui déplaisent à la majorité des couples (photo ci-contre).
On voit aussi fréquemment des tuyaux apparents, qui sont non seulement laids, mais qui sont des ramasse crasse. Il y a les revêtements, huisseries ou garnitures de salles de bains (en bois) qui ne supportent pas …l’eau, qui attirent la moisissure et se gondolent très vite. Embêtant.
Ou encore les robinets, pourtant savamment choisis, qu’il est impossible de tourner lorsque l’on a les mains mouillées et de surcroît avec du gel-douche ou du shampoing ! Sans parler des flexibles de douche souvent trop courts, qui imposent qu’une personne normalement grande soit obligée de se voûter ou de s’accroupir pour se rincer la tête (il faut 1,8 m de longueur et non 1,5 m).
Et que dire des douches sans éclairage, de la VMC absente ou trop faiblarde pour désembuer ou encore des baignoires glissantes ?
Les bonnes pratiques d’aujourd’hui veulent que l’on choisisse en hôtellerie des équipements, des matières et des revêtements faciles à nettoyer, aisés à réparer, solides, durables et même recyclables. C’est logique.
Le surcoût de départ (accepter de payer plus cher) se retrouvera dans la durabilité des équipements choisis et fera faire des économies par la suite en réparations et en entretien. Le bas de gamme cassera vite et sera par conséquent un mauvais choix, source de futurs problèmes. On ne met plus de moquette mais des parquets, plus adaptés à la sensibilité des clients et plus faciles à entretenir. Ce ne sont que des exemples.
• Lire notre article « Bien équiper ses chambres d’hôtel ».
ET LES CLIENTS D’HÔTELS ALORS ?
Et pourquoi ne pas s’intéresser à la façon de vivre des gens ? Tant de personnes ont un téléphone portable qui leur sert aussi de réveil. Pourquoi n’y a-t-il souvent pas de prise électrique à la tête de lit (ou difficile à atteindre ou pas en suffisance) pour pouvoir recharger son portable durant la nuit, mais aussi brancher son ordinateur ou sa tablette ?
L’accès à Internet s’impose par un Wifi puissant et à connexion facile. 9 clients d’affaires sur 10 voyagent régulièrement ou occasionnellement avec un ordinateur portable ou une tablette et 4 clients de loisirs sur 10 (source Coach Omnium). 9,5 des voyageurs dans les hôtels sur 10 ont un smartphone. La majorité s’installent sur leur lit pour travailler, lire, regarder des films ou séries sur leur ordinateur, etc.
UN HÔTEL N’EST PAS UNE MAISON D’HABITATION
Ce n’est pas parce que c’est joli que ce sera adapté aux contraintes hôtelières. Ce n’est pas parce que le décor a été signé par un grand designer que ce sera pratique et bien fait. Un hôtel n’est pas une maison.
Il y a tant de personnes différentes qui séjournent dans chaque chambre le long de l’année que tout doit être pensé pour cette universalité d’occupation des lieux. Sinon, cela peut coûter cher et faire négligé. Le personnel fera plus difficilement son travail, les interventions de réparations seront trop courantes et la clientèle trouvera que le tout fait un peu brouillon.
Pour autant, pour éviter toutes ces erreurs, le bon sens suffit le plus souvent. Rien de plus. Penser à la façon dont les clients utiliseront les équipements et au travail du personnel d’entretien. Travailler avec des professionnels expérimentés (décorateur, architecte d’intérieur, architecte…) est une garantie supplémentaire, tout en se rappelant que le moins cher sera rarement le meilleur.
Il ne sert donc à rien de chercher à tricher sur les budgets, car on le paiera fatalement plus tard.
Mark Watkins
Les photos ci-après sont quelques exemples qui illustrent des erreurs courantes que l’on trouve ici et là dans les chambres d’hôtels.