Avec sa thématique ‘Osons !’, l’édition 2024 du salon EquipHotel, à Paris, porte de Versailles (XVe), bouscule quelques codes. À commencer par ceux de la décoration. Ainsi le Lounge des chefs n’a pas été scénographié par un designer ou un architecte d’intérieur, comme à l’accoutumée, mais par l’artiste-peintre Franck Lebraly. Un choix assumé par Béatrice Gravier, directrice du salon EquipHotel, qui souhaite ouvrir le secteur de l’hospitalité à la fois à de nouveaux talents et à de nouvelles idées. Le résultat : pour ce Lounge des chefs, restaurant éphémère de 200 m2 et 95 couverts, Franck Lebraly a dessiné une fresque monumentale, où ocre et terracotta dominent. Une façon de donner “un aspect terrestre” à son travail, dont les motifs racontent le Sud de la France, la cuisine, la nature… Des motifs qui se déclinent en tissus, papiers peints et moquettes, grâce à des partenariats avec les maisons EGE Carpets et Delius. “Les hôtels, les bars, les restaurants sont des espaces qui me sont familiers”, confie l’artiste originaire de Cannes (Alpes-Maritimes). Ses fresques murales se retrouvent, en effet, de l’hôtel Belle Vue à Cavalaire (Var) jusqu’au restaurant Baba au Cap d’Antibes (Alpes-Maritimes), en passant par la Maison Fonfon à Monaco.
Être en accord avec le positionnement de l’établissement
La patte d’un artiste peut-elle s’imposer pour inspirer la décoration d’un établissement ? Oui, si celle-ci est en accord avec le positionnement de l’hôtel ou du restaurant. D’où l’importance d’un cadre prédéfini en amont, avec une ligne directrice à suivre – ne serait-ce qu’en termes de couleurs –, et une enveloppe budgétaire à respecter. À cela s’ajoute l’œil d’un expert pour éviter de peindre, obstruer ou casser là où il ne faut pas. À l’hôtel Les Deux Gares, à Paris (Xe), l’artiste britannique Luke Edward Hall a ainsi travaillé avec un architecte pour concevoir un étonnant patchwork d’époques, couleurs, matériaux, imprimés. Rien que dans le lobby, murs vert émeraude, sol en marbre à chevrons et mobilier en velours à motifs se côtoient. Ce qui a séduit Adrien Gloaguen, à la tête du groupe Touriste, auquel appartient l’hôtel Les Deux Gares, c’est le talent de l’artiste avant tout. De savoir s’il avait – ou pas – déjà œuvré dans le secteur de l’hôtellerie n’était pas un critère de sélection. Une prise de risque qui a payé : à son ouverture, en septembre 2020, l’hôtel a fait le buzz dans la presse lifestyle et sur les réseaux sociaux.
Oser les partis pris forts et… instagrammables
Sensible aux effets de décoration instagrammables, le groupe hôtelier Mama Shelter sollicite également des artistes. À l’instar du designer graphique Baptiste Vandaele, auteur des dessins des papiers peints, tissus, moquettes et mosaïques des Mama de Lisbonne, Luxembourg, Rome, Rennes, La Défense… “J’aime le cadre, les contraintes, et trouver les moyens de me les approprier”, confie-t-il. On reconnaît son trait à la profusion des motifs et la précision des détails. La couleur est omniprésente, tout comme la touche d’humour, le pas de côté qui raconte une histoire dans l’histoire. À l’instar de sa mosaïque imaginée pour le lobby du Mama Shelter rennais, où vagues, phases de la lune et galettes de blé noir sont un clin d’œil à la Bretagne. Baptiste Vandaele travaille aussi pour le fabricant de sols textiles Balsan, présent à EquipHotel 2024. L’occasion de découvrir la collection Brush by Baptiste Vandaele, dédiée à l’hôtellerie, qui réunit une douzaine de propositions de moquettes, déclinées en lés, dalles et tapis. À ne pas manquer non plus, durant le salon, la performance, en live, de la pattern designer et illustratrice Stéphanie Piogé, le temps de réaliser une fresque XXL dans le hall 4. On doit aussi à cette créatrice l’identité visuelle de la totalité des murs de la Grande Scène d’EquipHotel. De l’art, encore.