Après avoir grimpé en septembre (+3,3%) puis reculé à peine en octobre (-0,1%), l’indice Insee des prix des hôtels a fortement chûté en novembre (-11,1% sur 1 mois), d’avantage encore qu’en 2022 (-7,5%). Le cumul de leurs reculs mensuels conduit à un atterrissage de leur inflation annuelle, qui tombe de + 5,7 % en octobre à seulement +1,6 %. Les hébergements dans leur ensemble descendent de +7,2 % à +3,4 %. Côté Restauration, les tarifs des restaurants et des cafés, mais aussi des fast food, amorçent leur décrue, leur hausse annuelle respective fléchissant à +5,1 % et +4,8%.
Les auberges collectives, désormais classées par Atout France, constituent une alternative pour les individuels et les familles au budget contraint. Mais elles pratiquent aussi le revenue management. Dans la deuxième quinzaine de décembre, au Meininger Paris-Vincennes, le prix d’une chambre pour 4 personnes (adultes compris) oscillera entre 96 euros et 228 euros TTC (hors taxe de séjour de 6,25 %).
Un recul saisonnier aux enseignements encore limités
La vraie surprise de l’indice de novembre 2023 ( et bonne surprise pour les consommateurs) ne tient pas à la baisse des prix dans l’hôtellerie. Elle est en effet saisonnière et s’explique par un fléchissement structurel de la demande à cette période de l’année.
La vraie surprise tient à l’ampleur inhabituelle de cette baisse : -11,1 % par rapport à octobre 2023 ! Contre -7,5 % en novembre 2022. -2,3 % en novembre 2021. Et même -7,2 % en novembre 2019. Cette tendance fortement baissière se vérifie également sur les trois derniers mois (-8,1 %, malgré la remontée de septembre). Du coup, en glissement annuel, la progression de l’indice des prix Insee des hôtels se limite à +1,6 %. Il s’agit de la plus modeste progression enregistrée depuis 2019 (l’indice avait alors baissé de -1,3 %).
Gardons-nous toutefois de trop gloser sur ce fléchissement, il pourrait s’avérer trompeur. Compte tenu, en effet, des fortes variations mensuelles (voire hebdomadaires…) auxquelles sont sujets les tarifs hôteliers.
Il faudra donc attendre les chiffres de décembre 2023 pour comparer les évolutions de prix. En s’appuyant sur une autre mesure plus éclairante employée par l’Insee : la variation annuelle des prix. C’est ce concept qui avait permis de mettre en évidence la tendance hôtelière inflationniste de 2022. Et c’est ce même concept qui permettra de conclure, avec certitude, à une accélération ou à une décélération de l’inflation hôtelière en 2023, voire à une stabilisation.
Pour rappel, l’évolution en moyenne annuelle compare l’ensemble des prix de l’année N (2023, par exemple) à ceux de l’année N-1 (2022). Il ne s’agit donc plus d’un glissement annuel de prix sur 12 mois (qui compare les prix sur un mois de l’année N à ceux du même mois de l’année N-1). Mais d’une variation annuelle des prix. D’une variation des prix d’une année sur l’autre.
Ainsi, en 2022, la variation annuelle des prix des hôtels par rapport à 2021 avait atteint 12 %. Alors qu’elle avait plafonné à 2,6 % en 2021. La tendance à une recrudescence de l’inflation dans l’hôtellerie était donc bien constatée. Dans les résidences de tourisme et les villages vacances, elle n’avait pas dépassé 3,1 % en 2022 . Et s’était borné à 2,8 % dans les campings (-0,8 % en 2021).
Source : Insee – traitement HR-infos
L’évolution annuelle des prix des services d’hébergement depuis janvier 1990
IPC-Services-dhebergement-HR-Infos-112023
L’évolution annuelle des prix des services d’hôtels – motels – auberges depuis janvier 1990
IPC-Hotels-HR-Infos112023
L’évolution annuelle des prix des services de restaurants et cafés depuis janvier 1990
IPC-Restaurants-cafes-HR-Infos-112023
L’INSEE MODIFIE SES PONDÉRATIONS EN ÉLEVANT LA PART DES CONSOMMATIONS DES MÉNAGES
CONSACRÉES AUX SERVICES DE RESTAURATION ET D’HÉBERGEMENT
A noter que la pondération appliquée aux hôtels, motels et autres auberges est de nouveau plus élevée que celle des campings, résidences de tourisme et centres de vacances. Ils dépassent même leur pondération de 2019 (91 vs 87).
Ce qui tend à signifier que ces services d’hébergement sont redevenus plus importants dans les consommations touristiques des ménages.
Tous services confondus, les hébergements, avec une pondération de 196, pèsent davantage au sein de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) qu’ils ne pesaient en 2022 (137) et même en 2019 (177).
La méthodologie Insee
Interrogés par HR-infos, les experts prix de l’Institut expliquent partir des estimations semi-définitives de la consommation 2021. Ces estimations sont produites par la comptabilité nationale et valorisées aux prix de décembre de l’année 2022.
Ensuite, l’Insee applique des évolutions en volume fournies par les comptes trimestriels sur l’année 2022. « Nous prenons donc en compte dans l’évolution des montants de consommation à la fois un effet « Prix » mais aussi un effet « Volume » », explique l’Insee.
Ainsi, le poids des « restaurants et hôtels » en 2023 atteint 895. Ce constitue son niveau le plus élevé depuis 1990. Mais il avait atteind des niveaux assez proches au milieu des années 90.
Le poids des « services de restauration » en 2023 est de 699, niveau le plus élevé depuis 1990. Des niveaux proches avaient été observés au début des années 90 et des années 2000.
Le poids des « services d’hébergement » en 2023 représente 196. Un niveau élevé mais légèrement moins qu’entre 1993 et 1997.
Effet prix et effet volume se conjuguent pour porter le poids des restaurants et hôtels
à leur plus haut niveau depuis 1990
Qu’est-ce qui explique cette évolution importante entre 2022 et 2023 du regroupement « restaurants et hôtels » ? « C’est d’une part un effet « Prix », explique l’Institut, puisque l’évolution entre la moyenne 2021 et décembre 2022 est de +5,3% et d’autre part un effet « Volume » évalué par les comptes trimestriels 2022. »
Surpris par la pondération des « services de restauration rapide et à emporter » (7 points en 2023 vs 6 en 2022), l’Insee répond à HR-infos que son niveau reste « faible » par rapport à l’ensemble « services de restauration » car le montant de départ (estimation semi-définitive 2021) était faible dans la comptabilité nationale. Et ce malgré un effet « Prix » (+5,9% entre les moyennes 2021 et 2022) et un effet « Volume » entrainant une augmentation de son niveau par rapport à 2022.
On observe que l’augmentation du poids de la restauration rapide (7 vs 6, soit +16,7 %) est inférieure à celle de l’ensemble « restaurants et hôtels » (895 vs 660, soit + 35,6 %). La « rapide » représente moins d’1% de l’indice des prix à la consommation du regroupement. 0,21 % exactement.