Ce lundi 18 mars a donné le coup d’envoi de la 2ème édition de la semaine des métiers du tourisme, à l’initiative de la ministre Olivia Grégoire. Un événement destiné à donner un coup de projecteur à ce secteur très attractif qui peine pourtant à recruter.
Des effluves de viandes grillées et des adolescents encapuchonnés par centaines. Le ministère de l’Economie s’est quelque peu déridé, ce lundi 18 mars, à l’occasion du lancement de la semaine des métiers du tourisme. Au fond de l’austère ensemble de bâtiments gris, la ministre du tourisme Olivia Grégoire et le chef cuisinier Mory Sacko ont donné le coup d’envoi de cette seconde édition, qui rassemble plus de 2 200 événements à travers le territoire, pour tenter d’attirer de nouvelles recrues, toutes filières confondues.
Malgré une belle reprise d’activité post Covid-19, avec plus de 100 millions de visiteurs internationaux accueillis en 2023, le secteur est confronté à un paradoxe : «notre société est plus que jamais tournée vers le loisir et, en même temps, elle est peu mobilisée ou attirée par ces métiers», analyse Jean-Virgile Crance, président de la confédération des acteurs du tourisme (CAT). En effet, d’après les derniers chiffres recensés par le ministère du tourisme, plus de 200 000 postes vacants restent à pourvoir cette année, sans compter les besoins de main-d’œuvre supplémentaire en vue des Jeux Olympiques 2024.
En moins de dix ans, le secteur du tourisme a connu une inversement profond de situation, passant «d’une difficulté à trouver des employeurs à une difficulté à trouver des salariés (qualifiés ou non)», résume le cabinet d’Olivia Grégoire. Cette tension au niveau du recrutement transparaît dans tous les corps de métiers, qu’il s’agisse de l’hôtellerie, la restauration, la cuisine, l’accueil, le transport ou l’hébergement.
Plus de 210 000 emplois non pourvus dans le secteur du tourisme
Parce qu’ils sont très certainement les plus exposés, les hôtels-cafés-restaurant,s regroupés sous le sigle HCR, subissent une vive pénurie avec 200 000 emplois non pourvus, d’après les dernières estimations de l’union nationale des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Alors même que les restaurants/cafés et l’hébergement représentaient respectivement 17% et 22% de l’emplois local touristique salariés en 2023, d’après une étude de l’Insee.
Or c’est le secteur touristique qui offre la plus grande progression de carrière. Un cuisinier débutant percevra un salaire mensuel compris entre 1 250 euros et 1 350 euros net par mois, soit même pas au dessus du SMIC, mais il pourra atteindre plus de 2 200 euros pour un employé expérimenté. A noter que les revenus peuvent varier fortement selon le lieu d’exercice et le type d’établissement.
Dans les autres secteurs, le besoin est moins marqué mais reste toutefois assez préoccupant. L’union française des métiers de l’événement affirme avoir besoin de 6 500 personnes pour la tenue d’événements à venir.
L’hôtellerie de plein air, qui comprend les campings, les lodges et autres hébergements insolites en pleine nature, font état d’un manque de 10 000 emplois saisonniers et 5 000 conducteurs d’autocars de voyage manquent à l’appel du côté de la fédération des transports routiers de voyage. Quant aux agences de voyages et tour opérateurs, ils estiment avoir besoin de 15% de leurs effectifs actuels en plus. Là aussi, les salaires adossés à ces métiers sont très variables et soumis à des primes liées aux heures supplémentaires, au travail de nuit ou à des déplacements réguliers. Toutefois, un conducteur de bus percevra entre 1 500 et 2 500 par mois. Idem pour les saisonniers en camping. Les agents ou organisateurs de voyages, eux, peuvent jouir d’une belle progression, avec un salaire moyen pour un débutant à 2 100 euros par mois et pouvant aller jusqu’à 5 000 euros, selon les compagnies.
Tourisme : «une locomotive de l’économie française» en mal de carburant
Si des efforts ont été réalisés, notamment avec l’entrée en vigueur, le 1er avril 2022, d’une une augmentation moyenne de 16,33% de l’ensemble de la grille actuelle des salaires de l’hôtellerie-restauration, pour Jean-Virgile Crance, la question salariale n’est plus aussi centrale. «Tout comme les 35 heures ont changé notre vision du travail, la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable, notamment sur les jeunes générations, pour qui les conditions de travail sont devenues primordiales.»
Dans un contexte inflationniste, et avec un taux de chômage à 7,3%, l’enjeu économique autour du tourisme est primordial. «C’est une importante locomotive de notre économie. Nous ne pouvons pas rester la première destination mondiale dans le secteur touristique sans avoir de bras armés, sans avoir des formations attractives dans le secteur du tourisme», insiste le cabinet de la ministre. En 2023, celui-ci a généré 7,5% du PIB français