FOCUS SUR LES HOSTELS
Les auberges de jeunesse que l’on dit de « nouvelle génération », ou hostels en anglais, sont des hébergements (théoriquement) économiques qui offrent généralement des solutions (en principe) abordables pour les voyageurs, en particulier les jeunes, les familles et les routards.
Voici quelques spécificités générales des hostels, inscrits sur le papier :
• Prix abordables : les hostels sont souvent moins chers que les hôtels traditionnels. Cela en fait une option populaire pour les voyageurs avec un budget limité.
• Dortoirs partagés : une caractéristique commune des hostels est la possibilité de séjourner dans des dortoirs partagés, où plusieurs voyageurs peuvent partager la même chambre. Cela favorise la socialisation entre les voyageurs. On trouve des espaces communs de douches/WC.
• Chambres privées : en plus des dortoirs, de nombreux hostels proposent également des chambres privées pour ceux qui préfèrent une certaine intimité.
• Cuisine commune : beaucoup d’hostels offrent des cuisines communes où les voyageurs peuvent préparer leurs repas, ce qui peut contribuer à économiser de l’argent sur les repas.
• Ambiance conviviale : les hostels favorisent souvent une atmosphère sociale et conviviale, encourageant les interactions entre les voyageurs du monde entier. Cela peut être idéal pour rencontrer de nouvelles personnes et échanger des expériences de voyage. Les plus grandes unités disposent d’un restaurant-bar lounge et d’espaces de jeux in-door.
• Services basiques : les services dans les hostels peuvent varier, mais ils incluent généralement des casiers pour sécuriser les objets de valeur, un accès Internet, des informations touristiques, et parfois des activités organisées.
• Emplacements centraux : de nombreux hostels sont situés dans des zones centrales des villes, ce qui les rend pratiques pour les voyageurs désireux d’explorer les principales attractions.
Il est important de noter que la qualité des hostels peut varier considérablement (voir plus loin), allant des établissements basiques aux hostels plus sophistiqués offrant des installations et des services supplémentaires.
UN DÉVELOPPEMENT VITAMINÉ
Hébergement alternatif ou hydride — mi-hôtel, mi-auberge de jeunesse —, les hostels se multiplient partout depuis moins d’une dizaine d’années en France et ailleurs, dont en premier en Europe, dans les capitales et grandes villes touristiques. On peut pour l’instant en compter une quarantaine dans l’Hexagone. Mais, une trentaine sont en projet ou en cours de construction.
Leurs concepteurs se vantent de casser les codes de l’hôtellerie (prétention ?) et de dépoussiérer les auberges de jeunesse qui ne correspondent plus aux critères actuels des jeunes voyageurs (ce qui n’est pas faux).
« On y trouve du storytelling à foison, une ambiance décontractée, une déco « instagrammable » et colorée, au risque de l’overdose marketing : voilà l’ADN très calculé des hostels » (le Monde).
Ces établissements correspondent bien à la demande d’une clientèle jeune (Millenials) et exigeante, tout en poussant les établissements historiques à se réinventer, le cas échéant. Les familles également sont visées.
UN CIBLAGE VERS LES JEUNES VOYAGEURS
L’essor des voyages des jeunes en solo ou en groupes est un facteur clé de la croissance du marché des hostels. En raison de leur faible coût de location (mais pas toujours) — surtout en dortoir —, de leur bon rapport qualité-prix (mais pas toujours), de leur vocation annoncée de lieux de vie basés sur l’échange, de leurs localisations le plus souvent pratiques et de leurs opportunités de rencontrer d’autres voyageurs, les back-packers en solo optent pour ce type d’hébergement.
Une plateforme « Hostelworld » recense la plupart des hostels dans différents pays. Mais, étant également un site communautaire, il permet aux voyageurs de se retrouver au cours de leurs périples.
DES SERVICES COMPLETS
Différents des hôtels-capsules à la japonaise, ces établissements offrent plus précisément la possibilité d’opter, à des tarifs (en principe) compétitifs, soit pour un lit dans un dortoir (de 4, 6, 8, 10 ou 12 lits), soit pour une chambre privée (double, triple ou quadruple), tout en bénéficiant d’espaces communs et de services hôteliers (le plus souvent : bar, restaurant snacking, rooftop, business corner, cuisine en self-service, paniers-repas, salle de jeux, location de vélos, lave-linge, parfois espace événementiel, etc.).
Beaucoup d’établissements proposent des dortoirs mixtes et d’autres seulement pour femmes.
Pour assoir la stratégie des hostels, les chiffres sont prometteurs. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le tourisme des jeunes est l’un des secteurs qui connaît la plus rapide croissance ; de 2000 à 2012, les arrivées mondiales des jeunes sont passées de 136 millions à 187 millions (+ 38 %), représentant environ 20 % des voyages internationaux. Toujours selon l’OMT, il y aura en 2025 près de 300 millions (+ 60 % par rapport à 2012) de voyages de jeunes !
Les hostels ne peuvent en revanche s’installer partout. Ils sont d’emblée attendus dans les grandes villes touristiques, qui peuvent attirer une clientèle de back-packers et où l’hôtellerie classique devient de plus en plus chère.
UN MARCHÉ QUI INTÉRESSE LES GRANDS GROUPES HÔTELIERS
Pas vraiment visionnaires, car voyant tardivement le succès de cette formule, de plus en plus de groupes hôteliers s’intéressent aux hostels : Accor (Jo&Joe — 6 sites pour l’instant), Louvre Hotels (Hosho), mais aussi Hilton Worldwide et bien d’autres. Des chaînes hôtelières économiques, telles Eklo, ont introduit dans leur concept des dortoirs et chambres familiales, en plus de leurs chambres individuelles, afin de toucher ce marché.
Il existe déjà plusieurs chaînes ou associations d’hostels à travers le monde :
- Hostelling International (HI) : HI est la plus grande association mondiale d’auberges de jeunesse, avec des établissements dans de nombreux pays. Ils sont souvent associés à des normes de qualité élevées.
- Generator Hostels : une vingtaine d’établissements dans le monde. Ce réseau propose des hostels modernes et élégants dans diverses villes européennes. Ils mettent l’accent sur le design et l’échange social.
- YHA (Youth Hostel Association) : présente dans de nombreux pays, YHA offre des auberges de jeunesse qui sont souvent bien équipées dans une atmosphère conviviale.
- Christopher’s Inns : cette chaîne est présente principalement en Europe et propose des unités avec des bars animés et une ambiance festive.
- Meininger Hotels : bien que la marque réunit également des hôtels, on la connaît surtout pour son concept d’auberge de jeunesse nouvelle génération, proposant des dortoirs et des chambres privées. On compte une vingtaine d’unités en Europe, dont 4 en France
- Plus Hostels : implanté principalement en Europe, Plus Hostels annonce des hébergements abordables avec un accent mis sur le confort et la convivialité.
- Nomads World Hostels : cette chaîne est présente dans plusieurs pays, principalement en Australie et en Nouvelle-Zélande, et réunit une gamme d’hébergements économiques.
- The People : une dizaine d’unités qui en fait le leader en France.
PAS TOUJOURS CE QUE L’ON CROIT
Si l’hostel se veut officiellement comme un hébergement touristique économique, dans les faits ce n’est pas toujours le cas. Les lits en dortoir sont facturés communément de 28 à 45 € par personne/nuit. Mais cela peut grimper à 85 € sur des périodes de forte demande, voir plus encore ! Qu’en penser quand on voit des hôtels super-économiques vendre leurs chambres complètes à moins de 45 €. Plus on cherche à séjourner dans les grandes capitales européennes, plus c’est cher évidemment.
Pour les chambres privées, cela commence généralement à 110 € par nuit (soir du moyen de gamme), mais on découvre du 220 € en chambre double ou même du 450 € pour une chambre de 4 personnes !
Avec ces niveaux de tarifs, on ne s’adresse plus vraiment à des jeunes …ou alors de très bonnes familles.
E-RÉPUTATION MORIBONDE
Du coup, il faut constater que l’e-réputation des hostels, connus ou moins connus, récents ou légèrement plus anciens, est le plus souvent mauvaise à médiocre. Les notations sur des centaines à milliers d’avis (pour les grosses unités) va le plus souvent de 7,1 à 8,6/10 (au maximum) ou 3,1 à 3,5/5. Pas top !
Outre les prix jugés trop élevés pas seulement de l’hébergement mais aussi de la restauration (un comble pour un concept qui se présente comme économique) ou le mauvais rapport qualité/prix, on lit des reproches sur la piètre conception des dortoirs et des salles d’eau, à propos des chambres privées trop petites (autour de 15 m2, généralement), des salles de bains ouvertes sur la chambre (car elle est de taille lilliputienne), de la propreté et de l’accueil très discutables, d’une isolation phonique défaillante, etc.
PROPOSER UN TRAVAIL AUX CLIENTS
Une des spécificités des hostels situés en Europe (Varsovie, Budapest, etc.), dans des pays moins stricts qu’en France en termes de réglementation sur le travail, est de proposer à des jeunes qui restent pour des moyens ou longs séjours de travailler dans l’établissement quelques heures par jour à la réception, au bar ou au ménage. En contrepartie, ils leur offrent leurs logement et repas.
Si les hostels sont la nouvelle forme d’une hôtellerie hybride, leur concept tend parfois à dénaturer l’idée d’origine qui a fait son premier succès, des prix bas.
Mark Watkins