JO 2024 : DES PRIX DES HÔTELS QUI EXPLOSENT DANS UNE VISION COURT-TERMISTE
Les tarifs des hôtels parisiens qui ont été fortement à très fortement augmentés à l’occasion des JO 2024 ont de quoi donner une image désastreuse qui va fatalement perdurer.
Ça y est. La presse s’est emparée du sujet des hôtels parisiens qui font dans la hausse himalayenne de leurs prix de chambres lors des JO 2024. Par exemple, un hôtel observé passe de 90 € en juillet 2023 à 1.363 € lors des JO 2024 pour la même chambre standard.
En tout, ce sont des multiplications tarifaires par 4 et jusque par 16 (!) que l’on peut déjà observer ! Et encore, le phénomène ne fait que commencer. Tant de monde (on attend entre 15 et 20 millions de visiteurs rien qu’à Paris et sa région), c’est une aubaine pour remplir les caisses vite fait, bien fait.
Certes, cela se fait à présent partout lors de grands événements de ce type. On l’a vu lors des Jeux Olympiques d’été à Rio, à Tokyo et à Londres. Plus banalement désormais, les hôteliers parisiens ont pris l’habitude — passé la crise du Covid — de tripler voire de quadrupler leurs tarifs de chambres selon les périodes, au grand dam de leurs clientèles.
Pour leur défense, ils revendiquent que cela se justifie par la loi de l’offre et de la demande. On sait aussi que si les réservations ne tombent pas en suffisance au fil des mois qui viennent, le marché pourrait se réguler (sic) en affichant des prix plus « raisonnables ». Sans doute. Mais, n’y a-t-il pas des limites à l’exagération ?
VISION COURT-TERMISTE
Cette stratégie à court terme — d’autres parleront de raisonnement « tiroir-caisse » — sera un calcul furieusement dangereux. Les réactions de la clientèle risquent de faire mal, très mal.
1) – Malgré la garantie d’une demande très forte, il n’est pas sûr que les hôtels atteindront 100 % de taux d’occupation justement à cause des prix jugés abusifs. Ce fut ainsi durant les JO de Londres en 2012 où l’hôtellerie a tout juste plafonné à 84 % de remplissage. Bien sûr, les tarifs très rehaussés ont largement compensé les trous, mais cela ne put que rendre perplexe sur la stratégie.
2) – On peut être certain que l’E-RÉPUTATION de ces établissements, à la politique tarifaire dévastatrice pour l’image, va en prendre un sale coup. Les avis négatifs et les mauvaises notations émaneront en premier des clients qui veulent réserver et découvriront avec effroi les prix stratosphériques. De quoi s’en émouvoir aussitôt sur Internet. Et ce, dès maintenant.
Les détestables commentaires en ligne viendront enfin des clients qui n’auront d’autre choix que de loger à ces tarifs. Car tout le monde ne vient/viendra pas à Paris et dans sa région que pour les JO. Des voyageurs d’affaires, dont de nombreux habitués des hôtels, et des touristes sont/seront là également. Se sentant pris en otages, vexés et plumés, leur vengeance s’exercera au mieux aussitôt tant envers des établissements de belle facture qu’à l’endroit de ceux qui ont une offre pourrie et qui osent vendre cher.
Au pire, les visiteurs ne reviendront plus, boycotteront des hôtels auxquels ils s’était fidélisés et produiront un mauvais bouche-à-oreille autour d’eux.
IMAGE DÉSASTREUSE
Sans compter un effet tache d’huile sur l’ensemble de la destination, rejaillissant sur l’ensemble de l’hôtellerie, même sur les hôtels qui seraient restés « sages » dans leurs prix… On accuse déjà les hôteliers d’être de funestes profiteurs, même s’ils ne seront pas les seuls. Les logeurs en appartements privés (types Airbnb) suivent apparemment la même démarche inflationniste.
3) – Avec des prix qui risquent de rebaisser (mais pas de beaucoup, ne soyons pas naïfs) si les réservations ne sont pas suffisamment au rendez-vous, comment les clients qui avaient déjà réservé en payant le prix fort vont-ils réagir à ça ?
Là encore, les commentaires assassins risquent d’apparaître en masse sur les sites d’avis en ligne et les réseaux sociaux, comme les escargots après la pluie.
Bref, pour gagner par opportunisme une somme provisoire d’euros durant ces 19 jours de compétitions, les hôteliers vont en contrepartie faire l’objet d’avis délétères et d’asphyxiantes notations d’e-réputation, qui eux seront très pérennes et s’afficheront durablement sur le Net, à la vue de tout le monde.
« Ce n’est pas grave, l’essentiel est de faire du business quand cela se présente » disent les hôteliers concernés en chœur ? Cela reste à voir, car 86 % clients d’hôtels tiennent compte des avis et commentaires en ligne avant de réserver (études Coach Omnium).