LE MARCHÉ DES MARIAGES, INTÉRESSANT !
De nombreux lieux réceptifs et prestataires se sont spécialisés dans l’accueil des mariages. Et le cercle s’élargit : hôtels, châteaux, bateaux, restaurants, demeures de caractère, salles de réceptions, salles des fêtes…
L’intérêt de ce marché est facile à cerner pour les exploitants de sites. Il représente un chiffre d’affaires souvent volumineux : location d’espaces, repas, chambres… auxquels s’ajoute toute une ribambelle de prestations périphériques et de sous-traitance sur lesquelles il est possible d’être commissionné : traiteur (s’il n’y a pas de restaurant sur place), fleuriste, orchestre, animations, etc.
• UNE DEMANDE QUI REPREND AVEC SURPRISE : près de 244.000 mariages ont été enregistrés en France en 2022, contre 227.000 en 2019, millésime le plus mou depuis une vingtaine d’années. Sans savoir si cette reprise sera durable, on a pu constater jusqu’ici une tendance à la baisse depuis plusieurs années (voir graphique). Nous sommes loin de l’emblématique pic de l’an 2000 où plus de 300.000 unions furent célébrées. Plus globalement, la nuptialité est en forte diminution depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : en 1946, on avait compté un record de plus de 517.000 mariages. En 1972, c’était plus de 416.000 unions qui avaient été célébrées.
Le taux de nuptialité en 2019 était de 3,4 mariages pour 1.000 habitants au plan national.
Plusieurs facteurs sont en cause : législatif (PACS — + 750 % en 15 ans —, loi sur la succession, moins d’avantages fiscaux à être mariés…), démographique, socioculturel (recul de la religion, vieillissement de la population, meilleure acceptation des couples non mariés avec enfants…), etc. Le nombre de mariages tend donc à reculer dans la société française en même temps que sa sacralisation et sa force symbolique se fendillent.
• MARIAGES POUR TOUS : le texte de loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe a été adopté à l’Assemblée nationale en février 2013. Cela a représenté en 2018, par exemple, 6.236 mariages entre femmes et 6.536 mariages entre hommes, soit 6 % du volume global d’unions officialisées devant le maire.
• BUDGETS & TAILLES DES RÉCEPTIONS : en 2016, les Français ont dépensé en moyenne 8.820 € pour un mariage comptant 67 convives, avec en général 7.300 € déboursés pour 60 invités pour les foyers comptant moins de 2.000 € de revenus mensuels, et 10.300 € payés pour 74 convives pour les foyers comptant plus de 3.500 € de revenus mensuels. On observe également un budget moyen d’un peu moins de 16.400 € pour les mariages comptant environ 150 invités. Les cérémonies en région parisienne sont en moyenne 15 % plus onéreuses qu’en province.
Pour un dîner assis comptez entre 70 et 150 € par personne, hors alcool. Évidement ces moyennes dépendent du type de repas et de lieu, du nombre de plats, de la région ou de la renommée du professionnel engagé. Un food truck, par exemple, de plus en plus à la mode, permettra d’organiser un dîner moins conventionnel pour un plus petit budget.
Si la facture globale n’augmente pas depuis quelque temps, le coût moyen par invité a, lui, tendance à gonfler. Il est passé de près de 80 euros en moyenne au début des années 2000 à 110 / 120 euros aujourd’hui, inflation prise en compte. Mais dans le même temps, le nombre d’invités n’a cessé de reculer.
« Les gens se marient à un âge de plus en plus avancé. Du coup, les mariés ont de plus en plus d’attentes sur la qualité (traiteur, vin, décoration, lieu) et invitent aussi moins de monde parce que ce sont eux qui le financent. Ils sont moins enjoints à inviter les amis des parents et la vieille arrière-grand-mère », explique un wedding planner.
Parmi les postes les plus coûteux, 60 % des organisateurs parlent du repas (traiteur, pièce montée, etc.), suivi de très loin par le lieu du mariage ou la salle de réception (12 %), la lune de miel (8 %) et les vêtements (robe de mariée et costume) à 8 %. L’hébergement des invités est généralement à leur charge. Certains postes ont augmenté depuis ces dernières années comme le prix des salles et des traiteurs. Mais, d’autres ont tendance à baisser comme par exemple les robes de mariée, qui sont de plus en plus fabriquées en Chine et qui coûtaient plutôt 1500-2000 euros il y a 10 à 15 ans. On en trouve entre 200 et 500 € à présent, made in China.
• CADEAUX AUX MARIÉS : selon un sondage, 81 % des invités optent pour la remise d’une enveloppe avec de l’argent liquide en guise de cadeau pour féliciter les mariés. Ils donnent en moyenne entre 70 et 130 euros. Plus les invités sont proches des mariés, plus ils donnent…
• FORTE SAISONNALITÉ : 80 % des mariages se déroulent entre juin et septembre, essentiellement sur le temps des week-ends.
• OFFRE ADDITIONNELLE : près de 40 % des mariages qui se déroulent un samedi prévoient également un brunch ou un repas le lendemain pour les participants qui restent.
• TENDANCES : plusieurs grandes orientations se profilent depuis quelques années : des budgets de plus en plus serrés. Le prix est un élément central dans la sélection de sites. Parmi les budgets rognés, arrivent en tête les photos et vidéos par un professionnel (tout le monde est à présent « photographe » avec son smartphone…), l’hébergement des mariés (on invite également de moins en moins les invités qui paient alors leur logement eux-mêmes), les cadeaux aux invités, la décoration et le « mariage clé en main » avec recours à un organisateur (wedding planner).
Sur le marché des mariages, les wedding planners sont toujours à la recherche de nouvelles salles / lieux pour pouvoir proposer une offre variée en fonction de la diversité des commanditaires (selon CSP, budget, nombre d’invités, types de prestations, durée…) et parce que la demande est très concentrée sur l’année (les week-ends de mai, juin, juillet et septembre, surtout) impliquant des problèmes de disponibilité.
Enfin, plus qu’une mode, un phénomène : parlera-t-on bientôt de mariage responsable comme on parle de commerce équitable ? Appelé Green Wedding aux États-Unis et en Grande-Bretagne, le mariage écolo ou mariage bio arrivent en France, …par la petite porte, pour l’instant.
Mais, il est de plus en plus fréquent qu’une exigence soit imposée à propos de l’origine des viandes, du poisson et des œufs utilisés pour les préparations, avec en toile de fond le soucis du bien-être animal. Exit alors le foie gras, le porc, le poisson d’élevage, le poulet et les œufs de batterie, etc. Mais, il est vrai que cette demande vient plutôt des familles aisées…
• ÊTRE ORGANISÉ : recevoir des mariages n’est pas à la portée de n’importe quel prestataire et exploitant de lieux de réceptions. Il ne suffit pas d’avoir de l’espace ou de pouvoir louer un chapiteau. Il faut également un professionnalisme ajusté à ce type de prestation. Le lieu idéal, selon les budgets, est original, séduisant, dispose d’un parc ou jardin pour gambader et laisser les enfants sortir (mais avec un espace fermé et sans danger : plan d’eau trop proche, passages de voitures…) et d’un grand parking. Un espace pour danser compte sans être obligé de bouger les tables de la salle de banquet.
• AVANTAGES pour les RÉCEPTIFS DE MARIAGES :
- Des chiffres d’affaires importants pour beaucoup de monde reçu en même temps.
- La possibilité de tout prévoir dans les achats de marchandises et de besoins en personnel : faible gaspillage et ratios de gestion maîtrisés.
- L’embauche d’extras (charges variables).
- Faire connaître son lieu aux invités qui pourraient revenir ou recommander le prestataire.
- Les réceptions et banquets de mariages sont très « Instagrammables ». Autant favoriser les photos à mettre sur les réseaux sociaux pour faire la promotion de son site.
- La location de chambres, si le site en propose.
- La sous-traitance de nombreuses prestations, donc des charges en moins …mais c’est du chiffre d’affaires qui s’échappe en même temps.
- La possibilité d’être commissionné par des sous-traitants : DJ, décorateur, traiteur, orchestre… pour apport d’affaires.
- Une clientèle complémentaire à celle qui vient durant les jours de semaines (affaires, séminaires…).
• INCONVÉNIENTS ou CONTRAINTES :
- Accueillir des mariages représente une grande servitude, avec des horaires à rallonge et la nécessité d’une organisation quasi militaire.
- Le fait que la majorité des mariages se déroulent durant les week-ends en période printanière et estivale : c’est aux mêmes moments que la venue de la clientèle de loisirs, le cas échéant. Privatiser le lieu oblige à refuser d’autres clients.
- La cohabitation avec les autres clientèles est impossible (bruit, monde, va-et-vient, lumières…). Sauf à ce que le mariage puisse être mis très à l’écart, loin des autres.
- On peut rencontrer des problèmes avec le voisinage, si le lieu de réception est entouré de résidents.
- Il faut du matériel, un accès traiteur (le cas échéant) et des locaux de production (ou de réchauffage pour le traiteur) adaptés et du mobilier / vaisselle en grand volume (à stocker ensuite).
- On ne peut pas servir n’importe quelle cuisine, mais une offre faite pour être servie en banquet.
- Il faut parfois gendarmer les convives au bout de la nuit, une fois l’alcool passé par là et imposer un horaire limite dans les lieux.
• COMBIEN COÛTE UN WEDDING PLANNER pour les mariés ?
De plus en plus répandu le métier de wedding planner se développe activement et de nombreux couples choisissent de déléguer une partie de l’organisation de leur mariage à un professionnel. Combien ça coûte ? Comptez 150 € pour quelques heures de coaching, entre 800 et 1.500 € pour la coordination de la journée. Et entre 3.500 et 10.000 € pour l’organisation complète du mariage.
• COMBIEN COÛTE UN DJ ?
En fonction du professionnel, de sa réputation, du matériel qu’il mettra à disposition, de son expérience, du temps qu’il passera (pour sonoriser la cérémonie, le cocktail et/ou la soirée), s’il doit également prévoir des micros, gérer les animations des témoins ou amis, etc., comptez entre 850 et 2.500 € pour une prestation globale de qualité.
Mark Watkins
- Les prix indiqués sont TTC
- Sources : Insee, OpinionWay, Sofinscope, Mariages.net