C’est un fait, juillet n’a pas été à la hauteur de toutes les espérances. Que ce soit en termes d’occupation ou de niveau de consommation, les chiffres (sans être catastrophiques) sont en berne. Mais, août et les “aîles” de saison gardent leurs promesses …
Sans atteindre les records de 2022 (ce que l’on appelait le “voyage revanche” ou le “voyage quoi qu’il en coûte”), ==ce dernier mois de juillet reste quand même dans les niveaux de 2019 (année de référence post-covid) avec un taux de remplissage, dans l’hotellerie, qui se positionnerait à 74% sur l’ensemble de la métropole. Certes, les chiffres ne sont pas exceptionnels, mais ils demeurent “stables” … même si des régions comme la Corse, en particulier, déplorent des baisses beaucoup plus prononocées.
Selon Atout France, qui rapporte directement au ministère du tourisme, juillet a été marqué “par une fréquentation touristique favorable mais, aussi, par une ventilation géographique différente” de celle de 2022. Pour les spécialistes de l’observation touristique, en ce début d’été, “les régions du nord de la France ont enregistré des taux d’occupation en hausse par rapport à 2022 alors que certaines régions du sud de la France connaissent un léger recul”; des éléments de comparaison qui seraient confirmés par Flux Vision Tourisme, la branche d’observation d’Orange Business qui établit ses données en fonction des mobiles connectés sur une destination donnée.
Plusieurs explications pourraient éclairer ces résultats: d’abord, bien sûr, l’inflation qui a poussé les vacanciers à partir moins loin de “leurs bases” afin de ne pas trop entamer leur budget estival. Ensuite, s’agissant du “sud”, un effet contre-productif des annonces publiques faites sur de possibles restrictions d’eau (piscines, plans d’eau, etc) dans les régions touchées par la sécheresse. En amplifiant les propos alarmistes, certains responsables publics (y compris, des responsables syndicaux hôteliers) ont littéralement tiré une balle dans le pied de leurs pairs. Dans les Pyrénées-Orientales, Xavier Lormand, CEO du groupe hôtelier eponyme déclarait dans les colonnes de L’Indépendant: “En mai, la surmédiatisation de la sécheresse et des incendies, au moment où les clients réservaient, cela ne nous a pas aidé …”.
Booking reste optimiste
Si Paris retrouve des couleurs grâce au retour des touristes étrangers (+21% pour les canadiens, +6% pour les américains) … les autres régions ont constaté un regain de touristes européens (+11% pour les espagnols, par exemple), en particulier dans les campings où “du 1er au 20 juillet, les taux d’occupation par les clientèles européennes dépassent de + 15% les niveaux de 2022” selon Atout France. Et de conclure à des “perspectives encourageantes pour la fin de saison et l’arrière-saison” dont la coupe du monde de rugby pourrait booster certaines régions. Atout France estime que “66% des Français envisageraient de partir en vacances en août ou septembre” alors qu’ils n’étaient que 32% en juillet (contre 35% en 2022).
L’arrière-saison ou les “aîles de saison” devraient donc tenir leurs promesses, notamment en raison d’un phénomène nouveau lié à l’inflation qui incite les voyageurs (sans enfants) à repousser leurs vacances d’été à plus tard pour bénéficier – avec le même budget – d’une durée de séjour plus longue qu’en été.
D’ailleurs, toujours selon Atout France, “l’hôtellerie affiche ainsi des taux de réservation supérieurs à 4 points par rapport à 2022 sur la période d’août à septembre, et les réservations dans l’hôtellerie de plein air sont également en progression de + 4% par rapport à l’année dernière sur le mois d’août”.
Reste donc à voir si les quatre prochaines semaines tiendront leurs promesses et permettront de rattrapper des chiffres moins bons qu’espérés. Selon Booking et Statista (qui ont interrogé des hôteliers basés dans tous les pays européens dont la France), ==les établissements “indépendants” expriment une inquiétude plus forte que les hôtels dits de succursales. Ces derniers, en effet, selon Statista, “ressentent moins la reprise du tourisme que les grandes chaînes hôtelières et ils se montrent plus pessimistes sur le climat des affaires, les plans d’investissement, l’accès aux financements et au capital, et les perspectives d’avenir“. Ainsi, si 62 % des chaînes s’attendent à ce que 2023 soit un année record en terme de chiffre d’affaires, ils ne sont que 43 % à le penser parmi les établissements indépendants. En conséquence, si 39 % des chaînes prévoient d’investir davantage au cours des six prochains mois, seulement 23 % des hébergements indépendants imaginent faire de même … ou rechercheront, en priorité, des solutions plus économiques.