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À l’heure où l’IA suscite un engouement sans précédent, Amadeus défend une vision pragmatique. Dans le cadre d’Adopt AI, le spécialiste de la distribution a décrit la manière dont il appréhendait l’importance croissante de l’IA dans son secteur.
Orchestrer l’écosystème plutôt que courir après les effets de mode, voila l’idée que les dirigeants d’Amadeus sont venus défendre dans le cadre d’Adopt AI lors de la session “Beyond the AI hype: how Amadeus transforms the traveler experience at scale”. Cette approche résolument opérationnelle consiste à sélectionner des cas d’usage durables, rendre les organisations “agentic-ready” (cloud, API, données, opérations) et porter l’IA jusqu’en production sans compromis sur la sécurité, la scalabilité et l’éthique. Cette posture traduit la philosophie d’Amadeus sur la nécessité d’une « couche d’orchestration » pour connecter fournisseurs, vendeurs, metasearch et assistants IA dans un cadre de confiance et de neutralité.
80% de travail sur tout le reste
Amadeus revendique 15 ans d’expérience dans le domaine de l’Intelligence Artificielle, d’abord sur des algorithmes d’optimisation (prévision, pricing, search), puis sur le Machine Learning à grande échelle. Avec l’essor du génératif et de l’agentique, la priorité reste, précise Yannick Devaux, Directeur de l’Innovation chez Amadeus IT Group, « d’optimiser les processus existants » : interfaces de recherche plus naturelles, enrichissement des parcours, proactivité côté opérations. L’ambition première est d’absorber la complexité du secteur (standards multiples, NDC/EDIFACT) et de livrer de la valeur robuste et mesurable.
Cette intégration de l’IA qui améliore l’existant a un prix : l’adaptation des inputs et des outils. La perspective de « travailler sur l’IA” signifie souvent que 80% de l’effort portera sur tout le reste, rappelle Olivier Kufler, directeur du Programme IA. « D’abord, nous devons garder quelque chose en tête. « Il est parfois aisé d’avoir une preuve de concept en quelques jours ou en quelques semaines, et convaincre au sein de votre entreprise. Mais avant de transformer ce concept en production, il y a de nombreux défis, et nous ne devrons pas sous-estimer ces défis. » La création de valeur vient de l’opportunité de repenser les procédures d’un bout à l’autre de la procédure plus que du seul choix d’un modèle. C’est précisément ce “travail invisible” qui transforme une démo séduisante en un service fiable, scalable et aux effets mesurables.
Navigation à vue
Les dirigeants d’Amadeus ont enfin évoqué les facteurs d’incertitude qui obligent aujourd’hui l’entreprise à naviguer relativement à vue. Quelles technologies s’imposeront vraiment, lesquelles ne seront que des feux de paille, et où se situeront les gains véritablement transformatifs pour le voyage ? Cette incertitude rend risquée l’industrialisation prématurée et appelle une capacité d’exploration continue tout en gardant un cap clair sur la valeur pour le voyageur.
L’acceptabilité côté consommateurs. Sont-ils prêts à déléguer l’intégralité de leurs décisions et actions de voyage à un agent autonome ? La promesse de simplicité se heurte à des préférences variées en matière de contrôle, de transparence et de responsabilité. Le niveau de délégation acceptable différera selon les contextes (inspiration, réservation, post‑voyage), les profils et les enjeux perçus (prix, sûreté, confidentialité). Tant que cette acceptabilité n’est pas stabilisée, les cas d’usage en autonomie totale resteront limités.
Enfin, l’impact sur la chaîne de valeur est encore très incertain. Comment se reconfigurent rôles et marges entre fournisseurs, vendeurs, plateformes, metasearch et nouveaux intermédiaires agentiques ? Le risque est double : désintermédiations non anticipées et effets de concentration, si quelques opérateurs d’agents imposent leurs interfaces et leurs règles. Assurer une représentation équitable de l’offre et des conditions de concurrence loyales devient un enjeu majeur.
Photo d’ouverture : Ronan Daniel
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