Cet article a été écrit par Tom Travel. Cliquez ici pour lire l'article d'origine
Si vous êtes l'auteur de cet article, cliquez ici pour découvrir comment la republication de votre article améliore votre SEO et votre visibilité !
L’intelligence artificielle se déploie dans tous les secteurs, y compris celui du tourisme. Mais est-elle compatible avec les principes du tourisme responsable et durable ? Quelles sont les opportunités, mais aussi les limites environnementales de cette technologie ? Une chose est sûre : son impact dépendra des choix collectifs et des régulations à venir.
L’IA peut permettre d’optimiser les ressources naturelles, comme l’eau et l’énergie, dans les infrastructures touristiques. Par exemple, l’hôtel Poseidon Playa de Benidorm en Espagne, a mis en œuvre un projet visant à optimiser la consommation d’énergie. Truffée de capteurs (qui mesure la température, l’humidité, le rayonnement solaire), le système ajuste en temps réel le chauffage ou encore la température de l’eau de la piscine en fonction des saisons.
Elle peut aussi aider à éco-concevoir les produits touristiques. Amadeus travaille avec la Green Software Foundation, une association à but non lucratif qui veut créer des standards et des outils numériques plus écologiques. En se basant sur le protocole « Software Carbon Intensity » (SCI), Amadeus a créé son propre outil qui permet aux développeurs de voir en direct les émissions carbones générées par le logiciel qu’ils sont en train de créer. Ainsi, ils peuvent ajuster leur code pour avoir un moindre impact sur l’environnement.
Le gaspillage alimentaire dans les restaurants peut quant à lui être réduit. Deux startups, Orbisk et FullSoon, permettent la réduction du gaspillage alimentaire dans les cuisines grâce à l’IA. Orbisk Identifie avec précision les ingrédients gaspillés grâce à un moniteur placé au-dessus de la poubelle en cuisine. Fullsoon est un outil de prévision qui est capable de prédire combien vous aurez de couverts à un instant T (grâce à des données historiques, la météo, les évènements, etc.).
Grâce à des algorithmes intelligents, les itinéraires de voyage peuvent être optimisés pour minimiser les trajets inutiles, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. En tenant compte de la circulation, de l’inclinaison de la route et de plusieurs autres variables, Google Maps peut maintenant vous suggérer un itinéraire optimisé pour réduire votre consommation de carburant lorsque vous êtes en voiture. Vous pouvez voir les économies de carburant potentielles et la différence d’heure d’arrivée prévue entre deux itinéraires pour choisir le trajet qui vous convient le mieux.
L’entreprise Safety Line travaille avec la compagnie aérienne Transavia pour proposer des outils d’aide au pilotage : des raccourcis en vol et des conseils en phase de montée pour optimiser le carburant.
À Wolverhampton, en Grande-Bretagne, un système intelligent ajuste la durée des feux rouges en fonction de la pollution mesurée par des capteurs. À Amsterdam, une IA prédit les places de parking disponibles, limitant ainsi les trajets inutiles.
L’IA joue aussi un rôle clé dans la gestion des flux touristiques. En analysant des données en temps réel, elle répartit les visiteurs pour éviter la surfréquentation des sites sensibles, protégeant ainsi l’environnement et les communautés locales.
Affluences travaille par exemple avec le parking du Cirque du Fer à Cheval. Le système est capable de donner des prévisions d’affluence sur la journée et sur la semaine en cours en fonction de différents critères dont la météo (un indicateur important pour les sites naturels). Si le parking est saturé, il est possible de réorienter les touristes en leur conseillant des activités alternatives sur le reste du territoire.
Enfin, les outils numériques et les agents conversationnels développés par les acteurs du tourisme peuvent privilégier les offres durables, tels que les hébergements écologiques ou les transports en commun. Ils peuvent également sensibiliser les voyageurs à des comportements responsables, comme la gestion des déchets ou le respect de la faune.
Cependant, l’IA n’est pas exempte de contradictions avec les principes du tourisme durable. Son fonctionnement repose sur des infrastructures énergivores, notamment les centres de données. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une simple requête sur un assistant comme ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur Google. Les IA génératives, comme celles utilisées pour produire du texte ou des images, peuvent émettre jusqu’à cent fois plus de CO₂ que des tâches d’IA spécialisées.
L’impact environnemental ne se limite pas à l’énergie. Les centres de données consomment également d’énormes quantités d’eau douce pour refroidir leurs serveurs. Aux États-Unis, ceux de Google ont utilisé 12,7 milliards de litres d’eau en 2021, dont 90 % provenaient de sources potables. À ce rythme, la demande mondiale en IA pourrait, d’ici 2027, nécessiter l’extraction de volumes d’eau équivalents à la moitié de la consommation annuelle du Royaume-Uni.
Pour pallier ces besoins croissants, certaines entreprises, comme Microsoft ou Oracle, relancent des projets nucléaires. Si ces choix visent à garantir une énergie stable, ils suscitent aussi des inquiétudes quant à leur compatibilité avec les objectifs de durabilité à long terme.
N’oublions pas les propos tenus par Sam Altman, CEO d’OpenAI, le 16 février dernier : « Nous ne mesurons pas encore pleinement les besoins en énergie de cette technologie […] Il n’y a pas moyen d’y arriver sans une avancée scientifique […] C’est ce qui nous motive à investir encore davantage dans la fusion nucléaire ».
L’intelligence artificielle pourrait accentuer les inégalités en favorisant les grandes entreprises technologiques et en marginalisant les acteurs locaux qui n’ont pas accès à ces technologies.
Le risque est aussi celui d’une fuite en avant : sans cadre réglementaire strict, l’utilisation de l’IA pourrait prioriser les profits économiques plutôt que les principes de durabilité.
On verrait alors émerger un monde à deux vitesses : d’un côté les Etats-Unis et la Chine qui cherchent à être les premiers dans la course à l’IA, sans réelles considérations pour l’impact environnemental de ces développements. De l’autre, des pays européens qui cherchent à réguler son usage pour des raisons éthiques. Paris accueille le sommet de l’IA les 10 et 11 février prochains, mais peut-elle encore rivaliser ?
Face à ces constats, une question centrale se pose : comment concilier les bénéfices de l’IA avec les impératifs de la transition écologique ? L’IA peut être un allié pour le tourisme responsable si son développement est encadré par des principes de durabilité et si son utilisation est limitée aux besoins réellement essentiels.
Quelques pistes peuvent être envisagées. D’abord, prioriser les énergies renouvelables pour alimenter les systèmes d’IA. Mais il est peu probable que les capacités renouvelables puissent répondre à la demande exponentielle à venir.
Autre piste, celle de limiter les usages superflus pour éviter les effets rebonds. La priorité serait de créer des modèles d’IA plus petits et plus adaptés aux besoins, voire de limiter les usages inutiles. C’est la promesse du model merging, aussi appelé fusion des modèles. Cette méthode propose une manière différente de concevoir l’IA. Plutôt que de s’appuyer sur un seul modèle généraliste formé sur de vastes ensembles de données, cette méthode consiste à combiner plusieurs modèles spécialisés. Ces derniers, experts dans des domaines spécifiques, travaillent ensemble pour répondre à des besoins complexes de manière plus précise, tout en réduisant les coûts et l’impact environnemental de l’entraînement.
L’IA Act est un règlement européen sur l’intelligence artificielle qui introduit un cadre réglementaire et juridique commun au sein de l’Union européenne. Mais pour le moment, ses contours sont assez flous.
Le texte a mis en avant certaines interdictions : les logiciels de « notation sociale », comme ceux utilisés par la Chine, les IA de « police prédictive individuelle » visant à « profiler » des personnes en estimant leur propension à commettre des infractions (qui, soit dit en passant, ressemble beaucoup au scénario du film Minority Report), ainsi que l’identification des personnes par reconnaissance faciale en temps réel dans l’espace public. Mais rien sur un appel à la régulation…
Le sommet de l’IA qui se tiendra la semaine prochaine apportera sans doute quelques réponses aux limites à imposer aux usages de l’intelligence artificielle. Il y a de fortes chances qu’Elon Musk et Sam Altman, invités à l’évènement, soient tout ouïe.
Image d’ouverture générée avec l’IA
Input your search keywords and press Enter.