Quelle est la genèse de ce projet ?
Je connais le Père Pedro depuis une douzaine d’années. C’est un prêtre qui est installé à Madagascar depuis 40 ans maintenant. Sur une décharge il a progressivement construit une véritable cité qui abrite aujourd’hui 30 000 personnes, soit 4000 maisons et la construction de 2 à 3 écoles par an. C’est une véritable ville dans la ville, au-dessus d’Antananarivo. J’ai levé des fonds de façon générale pour sa cité qui s’appelle Akamasoa.
A l’occasion d’une visite en plaisantant, je lui ai dit : tu as des églises, des stades, des écoles, des maternités… mais pas d’hôtel et il m’a pris au mot. Me missionnant pour faire un hôtel. J’ai accepté en m’appuyant sur une méthode totalement inverse de celle que l’on apprend dans les écoles de commerce, avec 0 business plan et aucune projection budgétaire. Le père Pedro ma désigné un terrain qui était libre, avec une vue absolument magnifique sur Tananarive et la mission d’offrir un hôtel à la communauté.
Quand le père Pedro organise des messes, il y a entre 3000 et 10000 personnes qui y assistent. Il est extrêmement connu et attire des touristes européens, beaucoup de français qui assistent à ces messages, mais ensuite redescendent dormir dans les hôtels de Tananarive.
J’ai constitué autour de moi une équipe de personnes avec lesquelles je m’entends très bien. Bruno le Moal est un architecte que je fais travailler depuis 40 ans. Laure Zucconi et Chloé qui ont un cabinet d’architecture intérieure et qui ont réalisé de très nombreux d’hôtels. J’ai également sollicité Bernard Mariette, cabinet d’ingénierie immobilière. Chacun a été d’accord pour travailler bénévolement avec moi en tant que coordinateur.
In fine, nous avons construit un hostel bien plus beau que prévu et dans des conditions extrêmement contraintes du fait de la destination et de la période Covid. Nous avons téléguidé un chantier en visioconférences pendant près de deux ans et tout s’est bien déroulé. Les Malgaches ont un génie, ils sont capables de faire sur-mesure de nombreuses choses, des poignées de portes, des placard… Il y a un gros artisanat de détail comme on en faisait en France il y a 100 ans et que l’on ne retrouvera plus. Tout est produit sur place. La décoratrice dessinait les meubles, envoyait photos et cotes et tout était produit dans la foulée.
C’est un beau bâtiment que l’on a fait visiter au président de la République de Madagascar par accident, il était enthousiasmé. Il y a 24 chambres familiales avec balcon avec soit une vue sur la forêt, qui a qui a été entièrement plantée par le Père Pedro, soit une vue sur Tananarive.
Nous avons fait un bel hôtel et l’emplacement est extrêmement original. Je pense qu’il va cartonner, d’autant que nous avons un rooftop. Nous disposons de 100 m2 avec une vue imprenable. Nous allons pouvoir y organiser des événements et des réunions d’entreprise.
L’hôtel est autonome en électricité grâce à des panneaux solaires.
Nous disposons également d’un restaurant de très bonne qualité. Il est alimenté par une école de cuisine située 500 mètres plus bas. Elle a été financée par une famille locale qui ont monté cette école patronnée par Guillaume Gomez.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Après ce projet qui touche à sa fin, nous sommes en train de développer une école hôtelière pour les métiers opérationnels. Toute cette activité montre l’impact positif qu’un hébergement peut avoir sur un territoire. Nous sommes en territoire défavorisé et je pense que les gens modestes ont droit au beau. Les habitants du quartier sont extrêmement fiers de cet hôtel.
Je suis également le foundraser et ai levé 1 million d’euros sur les 1,3 million nécessaires à la réalisation du projet. Ce sont principalement des entités du monde de l’hôtellerie qui ont participé, MKG Consulting a été donateur. Ce sont à la fois des particuliers et des institutionnels qui ont donné. Il reste environ 300 000 € à lever.
Je me tourne de plus en plus vers des organismes institutionnels car les particuliers ont déjà beaucoup contribué. Les Fondations de France et autres Région Île-de-France etc sont devenues extrêmement pointilleux sur les justificatifs, les dossiers. Mais le père Pedro de son côté n’a pas le temps de gérer ces aspects administratifs. Il est dans l’urgence au jour le jour. Je prends donc en charge cet aspect avec l’aide de quelqu’un qui est venu nous aider sur ces sujets alors qu’elle s’apprêtait à prendre sa retraire après une carrière de banquière. Je travaille également avec des stagiaires, y compris des Malgaches.
Il s’agit maintenant également de gérer cet hôtel. Là mon fils dont la société Madeho gère une douzaine d’établissements parisiens, s’est associé au projet. Il a mis son équipe au service de l’hostel. Il nous faut garder la main car il n’y a personne du métier sur place. Le hasard a fait que j’ai croisé un de mes anciens collaborateurs, qui a été un temps directeur général d’Océania. Il était disponible et partant pour s’embarquer dans cette aventure.
Il a payé son billet d’avion et il a été sur place pendant 2, 3 mois pour la fin du chantier. Également pour lancer le recrutement de la directrice et tous les aspects opérationnels, c’est un excellent hôtelier. Je l’ai recommandé auprès de mon fils, mesurant la valeur de son engagement pour le projet à Madagascar où il n’a jamais baissé les bras, il est désormais Directeur Général de sa structure.
Devant l’énergie déployée par le Père Pedro et ce qu’il a accompli, je n’ai jamais douté de notre entreprise pour créer cet hôtel. Je vais maintenant m’assurer que tout cela fonctionne bien. Puis je vais partir sur mon bateau pour une navigation au long cours.