Comme chaque année, à cette époque, Airbnb annoncera, cette semaine, ses nouveautés pour l’année à venir. Des indiscrétions font état de plusieurs mesures importantes comme les prix “tout inclus”, la valorisation des “conciergeries” et, même, la location de voitures entre particuliers …
Airbnb Plus disparaît
L’une des premières annonces serait la confirmation de l’arrêt du programme Airbnb Plus, lancé en 2018. Ce programme visait à mettre en valeur les adresses dites “haut-de-gamme”, soit à plus de 250$ par nuit. D’abord lancé aux US et dans de grandes métropoles internationales (à l’exception de Paris), le programme imposait un grand nombre de pré-requis pour enrôler les adresses candidates (design, qualité des matériaux, équipements et qualité des installations, etc). Un programme potentiellement contraignant pour de nouveaux entrants qui n’a donc pas forcément recontré son public, qu’il s’agisse des propriétaires ou des voyageurs.
Un mois après son lancement, il y a plus de cinq ans, Airbnb recensait cependant quelques 20 000 demandes d’intérgration au nouveau programme; en grande partie des boutique-hôtels qui voyaient là une opportunité de rejoindre la plateforme et d’y être mis en avant. Car c’était aussi l’un des atouts de ce label: profiter d’une exposition accrue dans les listings de la plateforme et attirer ainsi la “crème” de ses guests.
Cependant, en dépit de cette suppression, Airbnb a déclaré que même si la bannière (ou le filtre) Airbnb Plus ne serait plus présentée dans les recherches, la plateforme annoncera cette semaine de nouveaux outils pour les hôtes (concernés par ce niveau de mise en valeur) “afin de les aider à présenter leurs propriétés et à rendre leurs annonces facilement visibles pour les voyageurs potentiels”.
Co-hôtes ou Conciergeries ?
Son objectif “numéro un” étant de réunir un maximum d’offres (appelées listings dans le jargon Airbnb), la plateforme devrait annoncer un renforcement de son programme “Co-Host” en faveur des conciergeries; ce qui devrait pas mal bousculer le marché des petites agences immobilières …
Ce programme (créé en 2016) a vocation à aider les propriétaires à franchir le pas même s’ils ne se sentent pas trop prêts, formés ou motivés pour gérer l’accueil de guests chez eux ou dans le bien immobilier qu’ils n’occupent pas mais qu’ils veulent rentabiliser.
Ce programme consiste donc à trouver, dans les environs de l’adresse, un host expérimenté (propriétaire ou hébergeur), validé par Airbnb pour se faire aider dans toutes les démarches. Ce host peut même gérer le planning, les réponses aux avis, l’accueil des voyageurs sur place ou encore gérer les opérations de nettoyage, de maintenance, etc …
Selon le programme Airbnb, un “co-hôtes” (co-host) doit être lui-même “hôtes ou co-hôtes, avoir géré des logements avec une évaluation moyenne de 4,8 ou plus, et avoir un taux d’annulation inférieur à 3 % sur au moins 10 séjours sur Airbnb”.
Une fois le co-hôte validé par Airbnb, ce dernier peut être associé par le propriétaire à son compte Airbnb et, ainsi, fixer la valeur des revenus partagés entre lui et son “gestionnaire”. Pour se faire payer en tant que co-hôtes, Airbnb a également automatisé le système : “Les hôtes peuvent (…) choisir de partager un pourcentage par réservation (avec un montant minimal facultatif) ou un montant fixe par réservation”.
Il est fort probable que, cet hiver, les co-hosts professionnels soient de plus en plus privilégiés par la plateforme. Il s’agirait ainsi de mettre en avant des conciergeries aussi bien sinon plus que des propriétaires eux-mêmes … Les “conciergeries” se multiplient dans tous les pays en fonction des contraintes légales plus ou moins sévères (ou de la surveillance des corporations réglementées comme les agents immobiliers)…
En intégrant le programme “Co-host” de manière officielle, les conciergeries pourraient accompagner la croissance du listing Airbnb tout en faciliant la gestion de leur rémunération (prélevée à la source par Airbnb et reversée, pour chaque part, et au propriétaire et au gestionnaire), là où aujourd’hui certaines conciergeries sont confrontées à des gymkhanas quotidiens pour gérer les encaissements elles-mêmes ou formaliser les reversements; ce qui peut les placer en situation de délicatesse avec la règlementation ou encore la fiscalité …
Aux US, cette probable annonce ne réjouit pas les agences immobilières qui ont pignon sur rue: selon elles, avec cette nouvelle possibilité, Airbnb risque de créer un appel d’air en faveur des “petites” conciergeries qui risquent de faire chuter le coût de l’intermédiation en raison de leur (prochaine) forte affluence. En France, où très peu d’agences immobilières occupent le terrain Airbnb et où les conciergeries sont déjà trés actives, le phénomène devrait être moindre …”
La fin du prix “trompeur”
La polémique fait rage aux US où l’on estime que les prix tout-inclus devrait désormais être la règle. Et le patron d’Airbnb y est à ce point favorable qu’il milite depuis des mois pour la disparition des “options obligatoires” comme les frais de ménage qui hérissent le poil de tous les américains; à commencer par le premier d’entre eux, Joe Biden, qui en a fait un casus belli avec les professionnels du voyage ces derniers mois.
Il faut dire qu’aux US, ce que les autorités appellent les “frais indésirables” pèsent déjà pour 65 Milliards $ par an dans la seule économie du voyage !
Il est donc fort probable que, cette semaine, Airbnb fasse une annonce percutante sur le sujet des frais de ménage et de l’affichage des prix “tout compris” …
Il faut dire que les choses bougent au pays de l’Oncle Sam: mercredi dernier, la Federal Trade Commission (FTC ou Commission du Commerce) a dévoilé une proposition de règle qui interdirait aux entreprises d’hôtellerie et d’hébergement, les propriétaires de location de courte durée et les locations de voitures de facturer ces “fameux frais trompeurs” en ne montrant aux consommateurs le prix total de leur achat à l’avance, en mode “tout compris”, comme à l’hôtel ou dans une maison d’hôtes …
Pour Joe Biden, qui en commentait encore l’actualité, ces règles deviendront obligatoires et “les entreprises qui ne respectent pas les réglementations seront passibles d’amendes, voire de l’obligation de rembourser le consommateur”.
“En masquant le prix total, ces frais inutiles rendent plus difficile pour les consommateurs d’acheter le meilleur produit ou service et punissent les entreprises qui sont honnêtes dès le départ. La règle proposée par la FTC visant à interdire les frais indésirables permettra aux gens d’économiser du temps et de l’argent et rendra nos marchés plus équitables et plus compétitifs”, fin de communiqué !
Avec cette mesure nouvelle, Airbnb devrait donc anticiper sur une règlementation plus stricte en la matière aux US, mais pas que … d’autres pays comme la France y réflechissent aussi. En attendant la loi, les plateformes comme Airbnb devrait donc accélérer la mutation du marché vers une plus grande transparence.
D’autres mesures importantes seront certainement annoncées cette semaine par Brian Chesky, le patron d’Airbnb. Ce rendez-vous est toujours scruté avec grand intérêt car il montre aussi vers quoi tend l’univers du voyage en ligne. Une chose est certaine, quand la loi met du temps à germer et à s’appliquer, les plateformes ont désormais le poids d’accélérer le mouvement, dans leur intérêt, certes, mais aussi celui du consommateur.
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Airbnb pourrait se lancer dans la location de voitures entre particuliers en 2024: cette annonce pourrait être faite, également, cette semaine ! Le sujet est important chez Airbnb car la voiture est souvent le seul moyen d’accéder à certains de ses logements les plus reculés et que le transport en voiture reste donc la règle. Avec un écosystème fort de plusieurs centaines de milliers de propriétaires, Airbnb pourrait déjà mobiliser une offre très conséquente (sans compter les propriétaires de véhicules ne possédant pas de logement à offrir). Et, en proposant cette option à ses guests, Airbnb aurait aussi sous la main un nombre considérable de clients potentiels à ce nouveau service dans l’air du temps … Aux US, des startups comme Turo ou GetAround évoluent déjà dans ce secteur très porteur.