
Cet épisode est dédié au Podcasthon. L’objectif, c’est de mettre en avant une association caritative dont je partage les valeurs. J’ai donc bien-sûr choisi une asso liée à mon secteur.
Et pour vous présenter Les Petites Cantines, j’ai l’honneur de recevoir non pas un, mais deux invités : Diane Dupré la Tour et Christian Têtedoie !
Le concept original des Petites Cantines : des lieux conviviaux où chacun participe, de la cuisine à la vaisselle, avec un système de prix libre basé sur la confiance.
Leur impact est concret à travers la France, avec 14 cantines existantes. Et plusieurs projets sont en cours d’ouverture pour 2025, dont un à Bordeaux.
Diane Dupré la Tour, est à l’origine de cette association caritative unique. Elle partage avec émotion le parcours personnel poignant à l’origine de ce projet de restaurants participatifs. C’est sûrement sa résilience qui a donné naissance à ces lieux où la cuisine rime avec lien social.
Christian Têtedoie, Meilleur Ouvrier de France et figure emblématique de la cuisine, qui nous livre son parcours impressionnant, des cuisines de Paul Bocuse et de l’Élysée, jusqu’à ses neuf restaurants lyonnais.
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Comment Diane et Christian collaborent-ils autour de « Recettes du Collectif » ?
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Quel est le but de cette formation innovante destinée aux professionnels de la restauration collective, axée sur la valorisation du lien social et l’amélioration des pratiques managériales ?
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Comment ces deux acteurs engagés unissent leurs expertises pour impulser un changement positif dans le secteur de l’hospitalité ?
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Que peut-on faire pour participer à ce mouvement ?
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Pourquoi et Comment la confiance est le véritable luxe ?
Toutes les réponses dans notre échange !
La genèse : Une histoire de résilience et d’engagement
L’histoire des Petites Cantines est intimement liée au parcours poignant de sa cofondatrice, Diane Dupré la Tour. Ancienne journaliste dans la presse économique, Diane a traversé une épreuve personnelle en 2013 avec la perte de son conjoint. Face à ce « coup de tonnerre », elle a trouvé, avec Étienne Touvennau, une voie de résilience en impulsant la création d’un restaurant participatif en 2016, dans son quartier à Lyon. Ce projet, né d’un besoin profond de se relever et de créer du lien, a donné naissance à la première Petite Cantine. Aujourd’hui, ce qui a commencé comme une initiative locale s’est développé en un réseau de 14 petites cantines réparties dans différentes villes de France, avec une quinzaine d’autres en phase de création. Pour Diane, au-delà d’un projet de résilience, cela a été une occasion de rencontres et de découvertes d’un autre monde. Les Petites Cantines sont désormais son activité principale, avec une équipe de 35 salariés.
Le concept unique : participer pour rencontrer
Pousser la porte d’une Petite Cantine, c’est entrer dans un lieu où la cuisine est ouverte sur la salle, créant une atmosphère de « ruche ». Loin des codes traditionnels de la restauration, on y trouve de grandes tables en bois, des chaises dépareillées et une vaisselle de brocante. La particularité réside dans la participation active des convives. Selon l’heure d’arrivée, on peut se retrouver à mettre le couvert avec d’autres, à préparer le repas aux côtés d’un responsable de cantine et d’autres participants, ou encore à faire la vaisselle ensemble.
L’objectif premier de ces lieux est la rencontre.
Les Petites Cantines accueillent une diversité impressionnante de personnes : jeunes, étudiants, actifs, demandeurs d’emploi, personnes de nationalité étrangère, habitants du quartier… tous les âges et tous les parcours de vie se croisent. Statistiquement, on observe une majorité de femmes parmi les convives. Sur place, un responsable de cantine, véritable animateur de communauté, supervise le bon fonctionnement du lieu, de la gestion des stocks aux règles d’hygiène. Ce n’est pas lui qui cuisine, mais il est le tiers de confiance qui permet à chacun de participer en cuisine, où environ 10 000 convives mettent la main à la pâte chaque année. Les inscriptions pour participer à la cuisine se font via divers canaux. Chaque service peut accueillir jusqu’à 10 personnes en cuisine participative, et les cantines disposent en général d’une trentaine de places assises.
Contrairement à un restaurant classique qui mettrait sa cuisine à disposition, Les Petites Cantines sont créées de toutes pièces. L’association récupère un local, effectue les aménagements nécessaires pour une cuisine participative (comme positionner l’évier de manière à favoriser les échanges lors de la vaisselle). Les investissements sont assurés par des entreprises du quartier, des collectivités ou des fondations, intéressées par l’impact social du projet. Ensuite, l’association devient le gérant d’exploitation, chaque restaurant fonctionnant de manière autonome tout en bénéficiant du soutien et de l’intelligence collective du réseau.
Un modèle économique basé sur la confiance : le prix libre
L’une des caractéristiques les plus frappantes des Petites Cantines est son système de prix libre pour les repas. Chaque convive donne ce qu’il veut et ce qu’il peut. En tant qu’association sous statut non lucratif, Les Petites Cantines fonctionnent essentiellement grâce aux contributions des personnes qui viennent manger. Étonnamment, ce système s’équilibre à la fin du mois, certains donnant plus et d’autres moins. Ce modèle permet à chacun, y compris ceux ayant peu de moyens, de profiter d’un repas et d’inviter des amis au « restaurant ».
Pour participer, il est possible de réserver, comme dans un restaurant classique, via un site web. On peut venir seul ou accompagné, sachant que les tables favorisent le mélange et la rencontre. La participation à la préparation des repas et à la vaisselle est également ouverte à ceux qui le souhaitent.
Un impact social profond : au-delà de la restauration
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 18 557 adhérents actifs (avec une cotisation à prix libre qui permet l’assurance et la participation à la gouvernance) et 6 265 couverts servis le mois dernier (février 2025, un mois généralement plus calme). Ces chiffres témoignent de l’ampleur du projet et de son ancrage dans le tissu local. Malgré les incertitudes liées à la participation et aux ressources, 88% des convives affirment vivre une « expérience de confiance » au sein des Petites Cantines. Ce climat de confiance permet d’apprendre à faire confiance aux autres, de repartir avec un sentiment positif et de se sentir restauré non seulement au plan nutritionnel, mais aussi humainement.
Collaboration et innovation : « Recettes du Collectif » avec Christian Têtedoie
La volonté de partager leur savoir-faire a naturellement conduit Diane Dupré la Tour et Christian Têtedoie, Meilleur Ouvrier de France et restaurateur renommé, à collaborer. Christian, fort de son expérience dans la restauration traditionnelle et dans la formation (notamment dans la restauration collective pour les hôpitaux, les EHPAD, les écoles et les entreprises), a été séduit par la démarche humaine des Petites Cantines.
De cette rencontre est né le projet « Recettes du Collectif », une formation destinée aux managers et chefs de restaurants de collectivité. L’objectif est de mutualiser les compétences pour apporter des solutions aux professionnels souvent isolés et ayant peu d’opportunités de remise à niveau. La formation se concentre sur l’importance du lien social, l’amélioration de la communication au sein des équipes, la valorisation des compétences relationnelles et la mise en place de rituels collectifs. Il s’agit d’une hybridation des savoir-faire de la « Maison Têtedoie » et de l’approche « impact native » des Petites Cantines, visant à introduire une dimension relationnelle forte dans le secteur de la restauration collective, souvent axé sur les aspects logistiques et nutritionnels. Bien que des cours ponctuels puissent avoir lieu dans les Petites Cantines, « Recettes du Collectif » s’adresse principalement aux professionnels de la restauration collective, un secteur qui, selon Christian, a besoin d’être valorisé et de retrouver du sens.
S’engager et donner du sens : perspectives pour les professionnels
Pour les professionnels de l’hôtellerie-restauration, s’intéresser aux Petites Cantines ou à « Recettes du Collectif » peut répondre à plusieurs enjeux actuels : turnover du personnel, besoin de développer un sentiment d’appartenance, difficultés de recrutement, volonté de proposer une offre différenciante, recherche de sens et réflexion sur la raison d’être de l’entreprise. S’engager dans cette démarche, c’est aussi contribuer à un projet non lucratif qui a un impact social réel et potentiellement améliorer l’image de marque employeur.
La Confiance, LE véritable luxe !
Les Petites Cantines incarnent une vision rafraîchissante de la restauration, où la convivialité, la participation et la confiance sont les ingrédients essentiels. De leur genèse touchante à leur développement en réseau dynamique, en passant par leur collaboration innovante avec un chef de renom, elles prouvent que l’on peut allier gastronomie et engagement social. Comme le souligne Diane Dupré la Tour en guise de mot de la fin, « Le vrai luxe, c’est la confiance ». Une valeur au cœur de ce projet inspirant qui continue de semer les graines du lien social partout où il s’implante.
Notes et références
- Le podcasthon 2025
- Les Petites Cantines
- Les restaurants Christian Têtedoie
- Unisoap, avec Pauline Grumel – Hors-série spécial
Les livres :
- Après, Raphaël Meltz, Le Tripode, 2025
- Comme à la maison, Diane Dupré la Tour, Actes Sud, 2024
Le livre
Pour contacter mes invités :
- Diane : diane@lespetitescantines.org
- Christian : restaurant@tetedoie.com
La citation
Le message aux Insiders
Pour écouter la version audio uniquement
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