Chez Yaso Kitchen, un restaurant asiatique de New York, les clients sont accueillis au comptoir par Patricia… sur un écran d’ordinateur. La jeune femme, équipée d’une oreillette, fait son nouveau métier via Zoom, depuis les Philippines, soit à quelque 14 000 km de la Grosse Pomme. Multitâches, elle peut conseiller les consommateurs, prendre leurs commandes et les transmettre en cuisine, encaisser grâce à un terminal de paiement classique, répondre aux appels téléphoniques ou encore surveiller les avis déposés en ligne. Le manager de l’établissement, qui se chargeait d’une partie de ces tâches auparavant, peut ainsi passer plus de temps à superviser la cuisine et à former son personnel, se félicite-t-il.
3 $ de l’heure
Mais le principal avantage de l’opération réside dans les économies de main-d’œuvre réalisées. Pour ce type de travail, un employé philippin est rémunéré 3 $ de l’heure (environ 2,80 €), contre 16 $ pour un salarié américain.
Parfaitement légal aux États-Unis, ce système est utilisé dans une dizaine de restaurants de la ville. Happy Cashier, l’entreprise à l’origine de ces caisses virtuelles, vise 5 à 600 établissements d’ici la fin de l’année, dans tout le pays. Un modèle qui soulève nombre de critiques et d’inquiétudes, de la part des syndicats de travailleurs américains et des clients. Et la correspondante à Manille du South China Morning Post d’interroger : ce service via Zoom est-il “un signe d’innovation du marché de l’emploi ou d’un avenir dystopique construit autour de l’exploitation de la main-d’œuvre étrangère ?”.