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Comment la plateforme Airbnb évolue-t-elle dans un contexte de réglementation accrue, d’attentes toujours plus élevées de la part des utilisateurs et de tensions avec les collectivités ? Nous avons interrogé Clément Eulry, Directeur France et Belgique de la plateforme, sur les enjeux actuels et futurs du leader de l’hébergement collaboratif.
L’Italie et certaines villes françaises, comme Paris ou Marseille, cherchent à limiter l’usage des boîtes à clés en exigeant une vérification physique des identités. Cela pourrait-il ramener Airbnb à ses origines, basées sur des rencontres entre hôtes et voyageurs ?
Clément Eulry, Directeur France et Belgique chez Airbnb
Airbnb repose avant tout sur la relation humaine. Aujourd’hui, 9 hébergements sur 10 sont des locations occasionnelles, souvent lorsque les hôtes ne sont pas chez eux. Mais même dans ce cadre, la majorité des locations incluent encore un accueil en personne. Les boîtes à clés, bien qu’elles rendent service, ne doivent pas remplacer l’importance de l’hospitalité, qui est au cœur de l’expérience Airbnb. D’ailleurs, leur installation dans l’espace public est illégale en France, ce qui soulève des problèmes. Nous soutenons un équilibre où l’accueil reste personnalisé, que ce soit via les hôtes eux-mêmes ou des réseaux de co-hôtes engagés.
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Vous avez récemment lancé un portail d’accès national aux données Airbnb pour les maires. Quel est l’objectif derrière cette initiative ?
C’est une démarche de transparence et d’équilibre. Nous voulons aider les maires à mieux comprendre l’impact des locations sur leur territoire. Plus de 1 000 villes françaises ont demandé un accès à ces données, qui détaillent le nombre de voyageurs, la durée de leur séjour et leurs dépenses locales. Cela permet aux municipalités de prendre des mesures proportionnées pour gérer le tourisme tout en préservant le logement local. Par exemple, dans certaines zones, des quotas ou restrictions peuvent être nécessaires pour retrouver un équilibre.
Certains pointent le rôle d’Airbnb dans le surtourisme. Comment la plateforme répond-elle à ces critiques ?
Airbnb est un acteur clé dans la dispersion touristique en France. Contrairement aux hôtels, souvent concentrés dans les centres-villes, nous permettons aux voyageurs de découvrir des quartiers moins touristiques, voire des zones rurales. Aujourd’hui, 99 % des codes postaux à Paris sont couverts par des annonces Airbnb, et des villes comme Saint-Ouen ou Montreuil bénéficient de cette dynamique. Cela soutient l’économie locale et désengorge les zones touristiques saturées.
En avril 2023, Airbnb a temporairement arrêté l’ajout de nouvelles expériences touristiques sur sa plateforme. Où en êtes-vous sur ce sujet ?
Les expériences font partie intégrante de notre vision d’un voyage authentique. Nous réfléchissons actuellement à la meilleure manière de les valoriser. Notre ambition reste de proposer bien plus qu’un logement : offrir des expériences immersives qui permettent aux voyageurs de se sentir comme des locaux. C’est un projet à long terme, et nous prenons le temps nécessaire pour le développer.
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Brian Chesky, PDG d’Airbnb, a récemment déclaré que l’hébergement ne serait plus au centre du « système solaire » de l’entreprise. Quelles sont les implications pour l’avenir de la plateforme ?
Cela signifie qu’Airbnb veut aller au-delà de l’hébergement tout en restant fidèle à son ADN. L’intelligence artificielle joue un rôle clé dans cette évolution. Par exemple, elle peut personnaliser les recommandations pour les voyageurs ou simplifier les tâches pour les hôtes, comme le tri automatique des photos. Notre objectif est de rendre l’expérience encore plus intuitive et pertinente, tout en renforçant notre engagement pour un tourisme abordable et authentique.
Quels sont les projets spécifiques d’Airbnb en France pour 2025 ?
Nous voulons renforcer notre rôle dans la dispersion géographique et temporelle du tourisme. Cela inclut le soutien aux territoires ruraux et de montagne, la promotion de périodes moins fréquentées et le développement d’initiatives comme les « Vacances pour tous », qui ont déjà permis à 2 000 familles de partir en voyage pour la première fois. Nous continuerons également à collaborer avec des acteurs comme Essentiem pour promouvoir un tourisme accessible à tous.
Photo d’ouverture : Airbnb
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