La pénurie de personnel dans l’hôtellerie-restauration oblige le secteur à se réinventer. En Dordogne, un restaurateur de La Roque-Gageac emploie désormais des jeunes recrutés à Madagascar. Un choix gagnant-gagnant selon le restaurateur.
C’est à Madagascar, après un voyage associatif, que le chef Bruno Marien et son épouse ont eu l’idée de recruter du personnel sur cette île au large de l’Afrique, à 8 500 kilomètres de leur restaurant du Périgord. “On a contacté une école professionnelle d’hôtellerie à Madagascar, on a eu des CV de candidats”, explique Bruno Marien.
Formation périgourdine
Arrivés en Dordogne, ses nouvelles recrues ont toutes suivi un apprentissage au centre de formation de Boulazac, près de Périgueux, pour se mettre au niveau. “On les a aussi aidés pour les démarches bancaires, médicales ou administratives”, ajoute le chef, ravi des progrès accomplis par ses coéquipiers.
Parmi ces jeunes recrues de Madagascar, Voni, 23 ans. La jeune femme ne connaissait pas grand-chose au métier de la restauration bistronomique. Aujourd’hui, elle occupe un poste clé dans la cuisine du chef.
La situation à Madagsacar est un peu compliqué. Il y a beaucoup d’hôtels et de restaurants, mais on est très mal payé.Voni, 23 ans, originaire de Madagscar
Ici, elle touche un salaire de 1 200 euros par mois et paie 250 euros pour un logement, tout compris. Et parce que ses salariés sont originaires d’un pays non-européen, l’employeur doit verser une taxe mensuelle à l’État pouvant aller jusqu’à 300 euros pour les faire travailler en France.
“Situation catastrophique après la crise Covid”
Si le chef du restaurant “O’ plaisir des sens” s’est résolu à étendre ses recherches au-delà des frontières, c’est à cause du manque de personnel qualifié.De plus, cette année encore, les saisonniers ne répondent pas aux annonces.“Avant la crise Covid, ça commençait déjà à être compliqué de recruter, car c’est un métier dans lequel on fait des heures, on travaille le soir et le week-end. Après la crise, ç’a été catastrophique”, relate Bruno Marien.
Le problème de pénurie de personnel s’amplifie depuis une dizaine d’années. Au-delà des saisonniers, c’est aussi le personnel à l’année qui nous manque.Jean-Luc Bousquet,
Président de l’UMIH 24
200 000 postes à pourvoir en France
Un constat qui compromet de plus en plus l’activité des hôtels et restaurants à la veille de l’été. “Dès le mois d’avril, on est en tension”, reconnaît le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) de Dordogne. “Et travailler en zone rurale ajoute des difficultés pour se loger ou se déplacer“, ajoute Jean-Luc Bousquet, également propriétaire d’un hôtel aux Eyzies.
Avant, nous faisions appel à une main d’œuvre européenne. Mais ça ne suffit plus. Aujourd’hui, on va plus loin. Il faut aller la chercher à l’étranger, en Inde ou à Madagascar par exemple.Jean-Luc Bousquet, Président de l’UMIH 24
En Dordogne, son syndicat professionnel multiplie aussi les initiatives pour tenter de recruter du personnel local. “On fait un plan de formation pour les personnes en réinsertion. On cherche même à recruter des prisonniers en fin de peine à la maison d’arrêt de Neuvic”, explique Jean-Luc Bousquet.
Si la situation est tendue dans le département très touristique de la Dordogne, la pénurie de personnel est générale en France. Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, près de 200 000 postes saisonniers étaient encore à pourvoir, fin mars, pour la période estivale.