Les Spas explorent la diversité
Le spa étant devenu un service parfois à souvent attendu par les clients d’hôtels en 4 *, et surtout en 5*, les 3/4 d’entre eux estiment la présence d’un spa appréciable à indispensable (lire notre analyse). L’offre s’étant donc considérablement étoffée, le secteur s’est, par la force des choses, professionnalisé et dynamisé.
Que ce soit pour personnaliser leur spa, le démarquer ou encore limiter leurs coûts d’investissements, certains professionnels recherchent l’originalité, l’innovation ou tout simplement à s’inscrire dans les aspirations du moment.
Voici quelques tendances, récentes ou moins récentes, observées dans l’univers des spas, mais qui continuent à se développer.
1) – LES SPAS NOMADES ET INSOLITES
Comme pour les hébergements insolites, des spas ont élu domicile dans des lieux inédits, parfois même improbables, avec pour objectifs de surprendre et étonner les clients, de proposer une offre inédite. Mais parfois aussi, afin de limiter les contraintes techniques et/ou les coûts d’investissement.
A côté des cabanes sur pilotis ou perchées dans les arbres, certains spas se sont implantés dans des lieux inattendus : caves, grottes ou encore coffre-fort de banque comme le Away Spa au W Amsterdam qui a remporté le « World Luxury Spa Award » dans la catégorie « meilleur spa d’expérience unique » en 2018.
2) – L’ÉVEIL DES SENS
Outre le toucher (par les massages et soins) et l’odorat (via les parfums d’ambiance, la senteur des cosmétiques) qui sont les 2 premiers sens sollicités dans un spa, les autres restent souvent peu mis en valeur.
– La vue, sens volontairement mis de côté dans les spas « Dans le noir ? spa » implantés à Bordeaux et à Paris. Leur but est justement de mettre en alerte les autres sens en étant privé de la vue, et de profiter ainsi pleinement de toutes les sensations tactiles. Les soins sont prodigués par des experts du toucher, non-voyants.
– Le silence pour faciliter le lâcher-prise. La plupart des spas ont recours à un fond sonore calme et apaisant (musique douce, voire psychédélique, chants d’oiseaux, bruits de forêt…). Mais, au-delà de ce basique, une attention particulière peut être portée à l’environnement sonore : certains établissements s’intéressent aux principes de la musicothérapie, alors que d’autres favorisent à l’inverse une absence totale de bruit pour inciter au relâchement. Les Thermes du Laa Hotel & Silent Spa à Vienne, par exemple, plonge les clients dans un silence complet, avec coaches et assistants silencieux (sauf pour le check-in et le restaurant).
– Le goût qui associe détente physique et plaisirs culinaires. Certains ajoutent simplement une offre gourmande à la prestation telle que le « Sprunch » (contraction de spa + brunch), quand d’autres font appel à la nutrition pour prolonger le bien-être physique et psychique en proposant une carte de « snacking healthy », par exemple. Ou en créant un restaurant bio, végétarien, vegan. De la même manière, la tisane et le thé, auxquels se limitaient habituellement les spas, sont peu à peu complétés par des boissons aux propriétés actives et aux effets multiples : énergisant, détox, amincissant…
Toujours sur la thématique du goût, certains établissements recourent à des cosmétiques usant des biens-faits reconnus d’ingrédients tels que :
– Le cacao pour ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et anti-stress associées à son côté gourmand et ludique (Clairjoie, Thémis, Secrets des Fées…).
– La vigne et le vin déployés à large échelle via la marque Caudalie, lancée en 1995. On ne présente plus les Sources de Caudalie, premier spa de vinothérapie implanté au cœur du vignoble des Graves en Gironde.
– La bière pour les vertus rajeunissantes et l’apport en vitamines du houblon, du malt et des levures utilisés pour sa fabrication. Le premier spa à la bière de France a ouvert en 2019 au Best Western Hotel & Spa à Lescar à côté de Pau, inspiré des spas que l’on peut trouver en République Tchèque, en Autriche ou en Allemagne.
– Le caviar adopté par La Prairie, OcéAnge ou encore Arnaud Paris pour ses effets anti-âge.
– La pomme qui présente des caractéristiques antioxydantes, anti-stress, anti-âge. Elle est à la base de la marque bio Akane (nom d’une variété de pomme japonaise) et du spa Pom de l’Hôtel du Domaine de Villeray en Normandie.
L’imagination dans ce domaine a peu de limites dès lors où l’ingrédient de base présente quelques propriétés bénéfiques pour la peau.
3) – LES SPAS D’INSPIRATION ETHNIQUE
Qu’ils soient orientaux, japonais, balinais, tibétains, indiens, polynésiens, scandinaves… les spas ethniques immergent le client dans un univers culturel lointain et exotique.
• Spas à l’oriental : les soins dits « d’Orient » renvoient à des pratiques traditionnelles de bien-être et de beauté de certains pays du Maghreb ou du Moyen-Orient, mais aussi aux senteurs et aux saveurs (thé à la menthe, douceurs sucrées) qui y sont associées. Parmi les soins spécifiques qui en relèvent, on peut évoquer le célèbre hammam, les gommages au savon noir, les modelages et autres soins aux huiles d’olive ou d’argan, mais aussi à la fleur d’oranger, au jasmin, au miel ou encore au lait d’ânesse.
• La diversité des soins asiatiques et la technicité indienne. Les rituels de beauté et de bien-être asiatiques sont multiples et divers en fonction des ethnies, de leur histoire, de leur culture, de leur médecine ancestrale…
On peut citer les massages traditionnels thaïlandais (pratique qui permet d’harmoniser les réseaux d’énergie par une alternance de pressions profondes et d’assouplissements issus du Yoga), les soins ayurvédiques entièrement inspirés des pratiques indiennes : tampons médicinaux, massages avec les pieds, pierres chaudes, bol kansu… qui fleurissent dans les spas français.
Moins courant, le rituel historique du bain japonais et les massages traditionnels japonais, tels que celui du visage et le « Amma » (à l’origine du shiatsu) qui se pratiquent dans quelques établissements.
• Les bains d’inspiration scandinave, tradition séculaire. Autres spas d’inspiration ethnique, bien loin de l’Asie, les fameux bains scandinaves, notamment finlandais mais aussi norvégiens. Ils sont issus d’une longue tradition qui perdure puisque de nos jours, un foyer finlandais sur deux est équipé d’un spa ou d’un sauna.
L’exotisme de ces établissements invite au voyage, favorisant l’immersion dans un univers dépaysant, loin des préoccupations du quotidien, d’autant plus dans un contexte où les déplacements sont limités. Il participe à l’effet de bien-être, de détente et de lâcher-prise qui peut être recherché dans un spa, ce qui explique sans doute la longévité de leur succès.
4) – LES SPAS « GREEN »
Alors que le sujet de la réduction de l’impact environnemental des activités est brûlant dans tous les secteurs, il intéresse encore assez peu le marché des spas ou, tout au moins, rarement dans une approche globale et complète. Il est ainsi surprenant qu’aucun label n’existe ou n’ait perduré dans ce domaine (cf. notre article sur les labels).
Si les marques cosmétiques bio se sont largement développées depuis ces dernières années et sont devenues les partenaires de nombreux spas — voire ont créé leurs propres spas comme la Maison du Dr Hauscka dans le 11e à Paris, Yves Rocher et la Grée des Landes à La Gacilly, l’Espace Weleda dans le 8e à Paris… —, les pratiques responsables des établissements de bien-être s’arrêtent souvent là.
Quelques professionnels ont entrepris une réflexion plus globale. Parmi les derniers ouverts, en 2019, le Biospa du Château de Massillan, domaine écoresponsable dans le Vaucluse. Outre l’utilisation de produits de soins bio, l’ensemble du linge est en coton bio, les accessoires jetables sont en bambou, les tongs sont lavables et réutilisables, les produits d’entretien sont bio, l’eau est chauffée en partie en géothermie complétée par une pompe à chaleur, l’eau est filtrée et traitée pour être recyclée pour l’arrosage du parc, les appareils de fitness fonctionnent avec la pression de l’eau…
C’est un domaine où les professionnels peuvent donc encore largement se démarquer, d’autant plus qu’il intéresse le grand public et que les futures réglementations pourraient peut-être un jour les y contraindre.
Paru le 14 juin 2021
Perrine Edelman