QU’EST-CE QUI A CHANGÉ DANS LES MICE DEPUIS 20 ANS ?
Chez Coach Omnium, notre première étude sur le marché des séminaires date de 1992, une année après notre création. Elle a donné lieu à la publication du livre-conseil « Rentabilisez votre prestation séminaires » aux éditions BPI.
Depuis, nous avons réalisé des études en permanence, élargies au marché des MICE (Meetings, Incentive, Conventions, Events). C’est dire que nous connaissons bien le sujet.
Si la demande en manifestations d’entreprises reste toujours aussi forte, après un break de 2 ans à cause du Covid, la physionomie du marché a quelque peu changé. Nous en apportons un résumé succinct ici même.
LES MICE IL Y A 20 ANS, C’ÉTAIT COMMENT COMPARÉ À AUJOURDHUI ?
• POURQUOI SE RÉUNISSAIT-ON ? Avant le début des années 2000, les MICE avaient globalement les mêmes objectifs qu’aujourd’hui : motiver, former, informer et favoriser les cohésions d’équipes.
• QUELS PUBLICS ? Comme aujourd’hui, c’étaient avant tout les cadres et les commerciaux qui partaient en séminaires et en conventions d’entreprises.
• PLUS FESTIFS : Il y a plus de 20 ans, on ajoutait souvent un côté plutôt festif, divertissant et récréatif aux MICE, surtout aux séminaires. Cela se retrouvait dans les activités programmées …ou non programmées, de fins de soirées, donnant souvent l’occasion de se créer des souvenirs de fêtards entre collègues en séminaires. La première crise économique de 2003, puis celle de 2008-2009 ont calmé le jeu de ces amusements, rendant les séminaires plus concentrés sur le travail, voire plus austères.
• ON FUMAIT ! Il est difficile de le croire de nos jours, mais l’interdiction de fumer dans les lieux publics, dont les entreprises, ne date que de février 2006. Cette interdiction fut ensuite étendue aux bars, cafés, restaurants, discothèques et casinos en janvier 2008. Aussi, fumait-on auparavant dans les salles de réunions, même si on s’accordait souvent d’attendre les pauses pour cela, notamment lorsqu’on ne voyait plus l’animateur derrière les fumées de cigarettes. Avec des salles généralement mal ventilées, les participants aux séminaires finirent par avoir les habits et les cheveux avec une belle odeur de clop. Tout comme les rideaux et moquettes dégageaient des effluves âcres de tabac froid. On se souvient également des nappes de tables maculées de brûlures de cigarettes.
• DES SÉMINAIRES PLUS PETITS : Les entreprises organisaient davantage de petits séminaires de moins de 50 personnes apportant de la proximité entre participants, quand on réunit plus souvent des groupes plus nombreux de nos jours, par souci de rationalisation.
• L’ÉVÉNEMENTIEL ÉTAIT PLUS RARE QU’AUJOURD’HUI : 18 % des entreprises en commandaient en 2004 contre 72 % en 2024. Même chose pour le team-building et l’incentive devenus bien plus courants de nos jours.
• DES MANIFESTATIONS QUI ÉTAIENT PLUS LONGUES : On a perdu globalement une journée de temps de réunions en deux décennies. Bref, on se réunit moins longuement qu’il y a 20 ans, avec une hausse importante des journées d’études au détriment des résidentiels de 3 jours. Pourquoi en est-on arrivé là ? Pour faire en sorte que les collaborateurs soient moins longtemps coupés de leur travail quotidien et pour réaliser des économies. Si 95 % des cadres et commerciaux sont toujours aussi enthousiastes à partir en séminaire, ils demandent eux aussi des contenus utiles et que cela ne dure pas de trop.
• DES SÉMINAIRES PLUS MONO-THÉMATIQUES : Jusqu’il y a une quinzaine d’années, les séminaires étaient plus spécialisés et plus monolithiques que de nos jours. À présent, dans une réunion de 2 à 3 journées — même d’une seule —, on peut traiter dans ce laps de temps successivement de la formation, de l’information, de la motivation et même de l’événementiel.
• L’AVÈNEMENT DES 35 HEURES : Au début des années 2000, on a vu se développer la RTT. Au-delà de réduire la durée de travail, le message sous-jacent étant alors que « le travail n’est pas la santé ». Cela a provoqué une scission entre vie privée et vie professionnelle chez les cadres et les employés. Conséquence : si 24 % des entreprises organisaient parfois ou régulièrement des séminaires durant ou en mordant sur des week-ends, on ne trouve plus cette tendance de nos jours (- de 5 % de la demande). Sauf quand il s’agit de se réunir en longue distance (rare) et dans des destinations touristiques.
• LES HÔTELS ÉTAIENT PRIVILÉGIÉS : En dehors des grandes manifestations qui avaient besoin de grands espaces (centres de congrès), pour les séminaires on se réunissait majoritairement (89 %) dans les hôtels disposant de salles (contre 72 % aujourd’hui) et moins couramment qu’à présent dans des lieux de réceptions divers. De nos jours, l’envie d’originalité et la grande variété des prestataires que l’on trouve sur ce marché portent vers plus de diversité : restaurants, châteaux et demeures de caractère, lieux culturels, équipements de loisirs ou sportifs, parcs d’attraction, etc.
• LES HÔTELS DE CHAÎNES avaient un quasi-monopole comme lieux de séminaires tandis que les indépendants ont su trouver leur clientèle plus tard, se mettant aujourd’hui à égalité avec les chaînes. Le côté standardisé des hôtels chaînés lasse, même si leur grande capacité en chambres et en salles fait qu’on les choisit toujours pour ces raisons pratiques.
• PLUS D’ACTIVITÉS PÉRIPHÉRIQUES QUE MAINTENANT : Si 76 % des entreprises associaient toujours ou parfois des activités périphériques à leurs MICE en 2004, elles ne sont plus que 37 % en 2024. La raison ? Le raccourcissement des durées de manifestations (moins de temps disponible), le souci de davantage ancrer les réunions dans le travail (moins de séminaires festifs et ludiques) et la préoccupation budgétaire (depuis la période du Covid).
• FIDÉLISATION : au début des années 2000, 2/3 des commanditaires de manifestations MICE se disaient fidèles à un ou plusieurs lieux de réunions. C’est plus facile et rapide de passer des commandes quand on connaît déjà les prestataires. Ils ne sont à présent plus que 1/3, préférant changer régulièrement afin de casser la lassitude des participants habitués et de négocier les prix au cas par cas.
• MOYENS DE RECHERCHES DE PRESTATAIRES : En 2004, pour trouver des prestataires MICE (en dehors de ceux déjà connus et du bouche-à-oreille), on passait en premier par des guides spécialisés (imprimés), puis par Internet et enfin en tenant compte de documentations commerciales reçues des prestataires. À présent, on utilise les moteurs de recherches via des mots-clefs, les marketplaces, les bureaux de congrès, les venue finders et de plus en plus les réseaux sociaux.
• TECHNOLOGIE : Hormis dans les centres de congrès, la technologie pour la tenue de séminaires était minimaliste il y a une vingtaine d’années et se résumait à des rétroprojecteurs avec écran. Ces engins éclairants affichaient des graphiques, tableaux et textes sur transparents en plastique, imprimés généralement en noir et blanc, puis colorisées à la main, le cas échéant. Ils projetaient aussi les rayures et les traces de doigts tachant la vitre ! On n’imaginait pas trouver un jour les « ClickShare », les beacons, les écrans interactifs, la réalité augmentée, voire les hologrammes devenus presque courants aujourd’hui. La domotique est à présent entrée en force dans les salles de réunions avec tablettes de commande des températures, de l’occultation, de l’éclairage, de l’écran mural, etc. et l’usage de vidéoprojecteurs branchés sur ordinateurs portables.
• INTERNET : La plupart des aspects logistiques (inscriptions, invitations, programmes, informations, etc.) se faisaient encore par courrier, fax ou téléphone il y a deux décennies en arrière. L’utilisation d’internet — en France, le grand public commence à découvrir Internet en 1994 — pour organiser et promouvoir les événements est assez récente.
• LE DÉBUT DES TÉLÉPHONES PORTABLES : Les années 2000 marquent une véritable explosion de l’adoption des téléphones mobiles en France. Les offres d’abonnement se diversifient, les coûts baissent et le téléphone portable devient un bien de consommation de masse. En 2000, près de 20 millions de Français avaient un téléphone portable. En 2007, Apple lance le premier iPhone, marquant le début de l’ère des smartphones. À partir des années 2000, les ordinateurs portables deviennent eux aussi de plus en plus populaires auprès du grand public (dont les cadres et commerciaux) grâce à des prix plus abordables, une puissance accrue et un design plus fin et léger. Conséquences sur les MICE ? On reste en relation permanente avec le monde extérieur et on n’attend plus les pauses qui permettaient d’aller téléphoner (en même temps que les autres participants) au bureau ou chez soi. Il s’en est suivi un besoin accru en nombre de prises électriques dans les salles de réunions pour recharger en permanence tout ce petit matériel.
• PRESQUE PAS DE VIDÉOCONFÉRENCES : Les plateformes comme Zoom ou Teams n’existaient pas, et la participation à distance était rare. Cela demandait des équipements très coûteux et compliqués à mettre en place. Il fallait faire appel à des prestataires extérieurs. Les événements étaient donc majoritairement en présentiel, et la plupart des conférences et réunions internationales nécessitaient des déplacements physiques.
• STANDARDISATION : Les événements étaient souvent plus standardisés qu’aujourd’hui, avec moins de personnalisation en termes d’offres, de décors et de services pour les participants. Aujourd’hui, on observe à l’inverse une forte tendance portant vers du sur-mesure. L’enjeu est de donner envie aux participants de partir en séminaire et qu’ils s’y trouvent bien. Cela aide les messages à mieux passer…
• TRANSPORTS : Les voyages en avion étaient déjà courants, mais l’accessibilité à certaines destinations internationales s’est améliorée au cours des années suivantes avec l’expansion des compagnies aériennes. Le développement du TGV et des autoroutes a favorisé l’accès rapide vers des destinations et des prestataires autrefois davantage isolés, ce qui a ouvert le marché.
• ENVIRONNEMENT / ÉCOLOGIE : Il n’y avait pour ainsi dire aucune préoccupation pour l’environnement dans l’organisation des MICE au début des années 2000 (et avant). À présent, 83 % des commanditaires de manifestations annoncent tenir compte de l’impact de l’environnement sur leurs MICE, dont 32 % systématiquement, enrichi par des critères RSE. Même s’il s’agit souvent de déclaratif (green washing) et de mesures légères.
Mark Watkins