A la tête depuis de nombreuses années du navire amiral InterContinental Paris Le Grand et supervisant sept autres établissements de la chaîne en Europe du Sud, Christophe Laure, ancien élève de l’École Hôtelière de Lausanne et de la Cornell University, est légitime pour partager son regard et son expérience sur l’évolution de l’hôtellerie de luxe. Il préside également la section Prestige du principal syndical professionnel hôtelier.
Face à une situation globale que l’on perçoit incertaine et chahutée, peut-on dire que le luxe vit hors du temps dans sa propre bulle ?
Je pense, en effet, que le luxe est encore un peu hors du temps, mais on sent tout de même un certain ralentissement. Je parle pour le luxe en général, si je fais un focus l’hôtellerie, notamment à Paris, elle a bénéficié d’une merveilleuse parenthèse olympique qui a un peu faussé la donne. Pour autant, on avait déjà constaté, avant les Jeux Olympiques de cet été, que l’activité luxe était plus modeste, dans une forme de décroissance.
Comment l’expliquer ?
Le secteur luxe n’est pas immunisé contre les grands mouvements. On sent une certaine fébrilité géopolitique qui pèse sur l’activité. Le marché chinois, et asiatique en général, était très porteur. Il a permis ces dix dernières années d’avoir des croissances à deux chiffres. Mais il n’est pas revenu à son niveau antérieur. Le marché du Moyen-Orient aussi est affecté par les tensions au Proche-Orient. On ressent une certaine prudence de cette clientèle.
Est-ce au point qu’il faudrait s’inquiéter ?