Une tendance de fond
L’accélérateur COVID a amplifié une tendance de fond que nous distinguions depuis quelques temps avec la digitalisation de l’économie, le développement de l’entreprenariat dans les métiers de services, l’éloignement des collaborateurs de leur lieu de travail habituels pour raisons économiques ou familiales, et l’arrivée d’une nouvelle génération d’actifs connectés.
La relation avec l’entreprise et son mode de fonctionnement classique est révolue. Place à l’itinérance et à la flexibilité. Fini le temps perdu dans les transports ou dans des réunionites (quoique !). On optimise en restant chez soi. Vive le télétravail et les visios !
Néanmoins, beaucoup de chefs d’entreprises tous niveaux confondus (PME, ETI et Grands groupes) et salariés, n’étaient pas prêts « psychologiquement » à passer à l’acte. Nos lois sociales non plus d’ailleurs. La frontière entre télétravail et « télévacances » reste fragile dans l’inconscient général et surtout générationnel des décideurs (restons prudent quand même).
Sous l’impulsion de la période confinement, des exigences sanitaires et des besoins de réductions de charges fixes induites, certaines entreprises ont été contraintes de passer à l’acte, après avoir repoussé l’inéluctable en érigeant le télétravail comme la base de leur organisation future. Les bureaux nomades ont remplacé les territoires personnalisés. Les Zoom ou Google Meet sont devenus des noms communs. Et nous devons réinventer notre relation avec nos collègues, nos salariés et nos clients.
La vie sociale de l’entreprise, les activités périphériques (restauration du midi, boutiques …), les déplacements professionnels et les réunions en subissent automatiquement les conséquences.
Le confinement comme révélateur
La rupture de l’isolement à la suite du confinement nous a aussi rassuré. Quel plaisir de revoir sa famille, retrouver ses collègues, revoir ses clients ou échanger avec son boss. Ouf !!! L’humain reste encore un pilier important de notre société.
Le confinement nous a aussi appris à travailler différemment, plus en mode projet, à distance et en utilisant massivement les nouvelles technologiques. Pratique, facile, efficace et moins coûteux. Merveilleux mais … jusqu’où pousserons-nous le curseur ? Nous sommes qu’au début de notre « révolution ». Attention à l’effet boomerang et aux excès du travail à distance des deux côtés de la barrière.
- Oui, la réduction du temps des déplacements semble avoir amélioré la productivité de certains salariés mais les conditions personnelles sont-elles toujours réunies pour faire perdurer ce type de fonctionnement de manière optimale ?
- Oui, les réunions peuvent être digitalisées mais certaines visio-conférences sont tout aussi chronophages et souvent moins efficaces qu’un rendez-vous bien organisé et rythmé en présentiel.
- Oui, c’est plus confortable pour les salariés de travailler à distance, à condition pour certains « émigrés régionaux temporaires » ou « exilés en campagne » que la technologie ne soit pas défaillante ou intermittente.
- Oui, les besoins en m² pour les entreprises vont être réduits. Une excellente nouvelle qui permettra de réduire les coûts d’occupation pour dégager des budgets pour le développement des compétences et l’esprit d’équipe (formation, animation, teambuilding …). Nous allons devoir « garder le contact ».
Nos organisations du travail se réinventent, nos logiciels de pensée également.
Apprenons à mieux comprendre le voyageur d’affaires dans sa généralité. N’oublions pas que 75 % de la clientèle affaires a moins de 45 ans !
Les conséquences pour l’hôtellerie
Les impacts sur l’hôtellerie sont loin d’être anodins. Des déplacements professionnels en chute libre, une concentration de la demande vers les cœurs de semaine, des agences de voyage « business » à l’arrêt, des réunions reportées ou digitalisées, des évènements professionnels annulés, une « agressivité » tarifaire accrue, des renégociations de RFP « tendues » et des acteurs BtoB déboussolés.
Résultat, pour nombre d’hôtels, leur base de clientèle s’étiole avec une part de marché « Affaires et MICE » fortement affectée.
Une tendance forte mais pas forcément une généralité. Heureusement, quelques acteurs tirent leur épingle du jeu.
Certaines catégories d’hôtels (économiques principalement), certains territoires ou lieux atypiques proposant une offre différenciante mais connectée tirent quand même leur épingle du jeu. Et oui, il y a aussi de bonnes nouvelles.
D’autres signaux positifs, le téléphone recommence à sonner (même à Paris), les déplacements professionnels domestiques ont repris ainsi que les demandes de réunions (plus dans l’esprit « small meetings »).
L’activité économique s’est mise en « en sommeil ». La peur a repris le leadership. Le temps est à la gestion des coûts et à la réorganisation.
Le télétravail et l’externalisation seront des acteurs majeurs des organisations futures pour les entreprises de services. Le nombre de travailleurs nomades et libres va continuer à croître. Une belle opportunité pour l’hôtellerie. A nous de nous adapter
Une opportunité à saisir
Le coworker et le télétravailleur : les nouvelles cibles pour les hôteliers.
Ne rêvons pas non plus, ce n’est pas l’Eldorado mais un segment nouveau et pérenne, créateur de revenus complémentaires, très apprécié en cette période. Un marché déjà « attaqué » par des espaces et sites de réservation spécialisés sur Paris, les grandes métropoles et capitales régionales et maintenant la province. Eux aussi sont touchés. Et, ils se réinventent déjà avec des modèles économiques en mutation vers plus de souplesse et flexibilité.
L’idée pour les hôtels :
- Rentabiliser des espaces « vides » ou insuffisamment « inexploités » en recherchant du chiffre d’affaires complémentaire grâce à la « clientèle des travailleurs nomades ».
- Ouvrir son établissement à ses « voisins » et développer sa notoriété de proximité pour les transformer en clients et/ou promoteurs.
Les hôtels à proximité des quartiers résidentiels ou zone de densité d’habitation ont aussi un vrai coup à jouer ! Travailler à 5 minutes de chez soi est un gain de temps énorme
Comment ?
En décloisonnant son offre, en créant des packages « adhoc » et des offres adaptées. Les atouts des hôtels sont nombreux :
- Des localisations avec accessibilité facile (voiture, train ou métro)
- Des espaces communs disponibles, non optimisés dans la journée
- Un équipement wifi performant
- Une large amplitude horaire d’ouverture avec un service en continu
- Des facilités de parking (souvent gratuit et privé en province)
- Des services annexes à valoriser (fitness, piscine, sauna…)
- Et … des chambres spacieuses ou salles de réunion en désespérance de leurs clients habituels
Une palette de service à réinventer
Quels clients ? Quelles attentes ?
- Les Salariés nomades, les indépendants, les free-lance ou salariés en télétravail en recherche d’un lieu temporaire, convivial et tranquille avec services (restauration rapide, bar, bureautique, domiciliation, afterworks, point relais…)
- Un rendez-vous d’affaires, une peu d’isolement par rapport aux « nocifs » du domicile, une meilleure connexion wifi ou tout simplement pour rencontrer du monde 😊
- Les « Remote workers » & « Bleisure épicuriens », du Jeudi soir au lundi en recherche de mariage subtile entre détente et travail
- Un mode de semi-confinement pour s’oxygéner et profiter du télétravail pour allier utile et agréable le temps d’un week-end
- Les Coworkers en recherche de flexibilité
- Travailler à plusieurs quand tu n’as plus de bureau, ce n’est pas simple. Quoi de mieux qu’un hôtel pour se réunir le temps d’une ½ journée ou de quelques heures
- Les « Day-users » à la recherche de discrétion et praticité
- Bloquer un espace pour une demi-journée ou une journée pour une réunion de travail, un entretien d’embauche ou autres.
- Les « Small Meetings » jusqu’à 20 – 30 personnes dans un lieu différenciant et singulier
- Réunir pour phosphorer, planifier, organiser ou souder : réunion de direction, les « rendez-vous » commerciaux ou séminaire de team-building et cohésion d’équipe.
A nous de construire les offres adéquates. Les initiatives fleurissent : Accor avec « Hotel Office » et « Wojo Corners et Spots », Best western avec « MyWo », Mama Shelter avec « You work », Citadines avec « Work in résidence », CityzenM avec ses formules Abonnements, Hyatt et son offre « Workation » ou YOU Urban Home à Deauville avec « YOU Nomad Work »
Le cocktail est simple. Aucun investissement lourd, juste du bons sens, de la créativité et de la communication (encore et toujours). Soyons malins et agiles.
Et vous ? Prêt à relever le défi
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