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La startup française SimpleSIM, spécialiste de l’eSIM à destination des voyageurs, était présente à l’Orchestra Startup Village lors de l’IFTM 2025 et l’un de ses fondateurs, Jean-Baptiste Queromes, a pris le temps de nous exposer les raisons de son choix de se tourner vers le B2B.
Jean-Baptiste Queromes, COO de SimpleSIM : C’est la deuxième entreprise que nous avons créée dans ce secteur à la croisée des télécom et du tourisme. La première était déjà orientée B2B, c’est un peu dans notre ADN à nous, Fabrice Gaumont et moi, les deux cofondateurs. Nous étions des consultants, nous sommes câblés comme ça… Par ailleurs, la partie marketing web B2C, ce n’est pas vraiment notre compétence. Dès qu’il y a de nouvelles technologies dans les télécom, notre réflexe est donc de voir l’impact pour le B2B en premier.
La techno eSIM est assez ancienne et a quasiment dix ans, cela ne change pas vraiment la vie, que le support soit SIM ou eSIM, quand c’est un abonnement permanent. En revanche, là où c’est vraiment intéressant, c’est dans le cas du voyage. La logique de distribution qui vient immédiatement à l’esprit, c’est de faire de la pub dans le monde entier pour que tous les voyageurs du monde nous connaissent et achètent l’eSIM chez nous. Pour nous, le cheminement naturel, c’est de s’adresser au professionnel dont c’est le métier de créer des voyages. Donc tous les clients des professionnels du tourisme sont potentiellement nos clients. On touche nos utilisateurs finaux via le marché qui les concerne déjà.
En touchant cette population là, les agences de voyage, les DMC qui sont vraiment les opérationnels, on parle à des entreprises en général assez petites et trop peu engagées dans une culture digitale pour se préoccuper eux-mêmes de ces sujets là. Ces entreprises ont souvent une oreille attentive quand nous on leur dit « On connaît vos problématiques, laissez-nous juste faire l’eSIM, on fait le produit le plus simple possible pour vous et comme ça vous distribuez ça et vous le faites comme un service additionnel qui a énormément de valeur. »
Certes, ce sont des gigas et la tarification sur le marché de l’eSIM, composé essentiellement de startups, est à peu près homogène. Quel que soit l’acteur, on peut trouver à peu près les mêmes prix à 10 ou 20 % de différence selon les destinations. En revanche, pour moi, il y a deux points de différenciation qui sont essentiels. Le premier, c’est le sourcing. Il y a un enjeu de qualité de service et de sécurité des données qui va être de plus en plus important. Et le deuxième enjeu, c’est l’accompagnement du client. Donc oui, il y a de la différenciation sur la qualité de la data parce qu’en fait un giga, ce n’est pas forcément équivalent à un autre giga selon où on l’achète.
La plupart des brokers achètent sur des zones géographiques chez l’opérateur le moins cher qui lui-même fait du roaming. Il peut arriver que l’eSIM achetée pour un voyage en Thaïlande est vendue par un vendeur d’eSIM français qui a acheté ses gigas en Thaïlande à un broker hongkongais qui lui-même l’a acheté à un opérateur indonésien. Donc le voyageur en Thaïlande, est en fait sur un opérateur indonésien. Pour le commun des mortels et des particuliers, ça a pas forcément d’impact sauf que parfois l’utilisateur descend en 4G ou en 3G parce qu’il n’est chez l’opérateur local. Pour des clients hyper exigeantes, qui ont un enjeu de sécurité des données énormes, il n’est pas envisageable de passer éventuellement par un broker à Hong Kong qui achète de la data en Chine pour la Thaïlande.
Nous, nous avons la capacité de proposer du gigaoctet thaïlandais que l’on va acheter directement en Thaïlande parce qu’on sait le faire, même si c’est plus cher. Par contre, nous garantissons que ça ne transite pas par des serveurs que le client ne connait pas. Korben a fait un article récemment sur le sujet.
Alors il y a deux façons de voir les choses. Apple proposait l’équivalence de l’eSIM dès l’iPhone XS, il y a presque 6 ou 7 ans déjà. En achetant un iPhone aux États-Unis, il était possible de choisir l’opérateur dans le menu de l’iPhone. On s’est dit « Bah ça y est, le loup est entré dans la bergerie, les opérateurs sont morts. » Mais même Apple, qui peut tordre le cou à tout le monde, n’a pas réussi à se passer des opérateurs. Pourquoi ? Parce que ce sont ces opérateurs qui plantent les antennes et Apple ne veut pas devenir une entreprise qui détient les antennes partout dans le monde. Donc rien n’indique que les opérateurs traditionnels vont se faire désintermédier.
En revanche, sur la partie roaming, il va se passer quelque chose. Les opérateurs se rendent compte qu’ils ont loupé le coche sur l’eSIM. Ces opérateurs ont mis du temps à y aller, c’était parce que c’était une source de revenu : l’utilisateur qui arrive aux États-Unis, « Oups, j’ai oublié de couper l’itinérance ». Les dispositions européennes limitent à 60 € les forfaits à l’étranger, et on arrive à 60 € en 20 secondes. On reçoit un SMS, « voulez-vous continuer » mais on a déjà perdu 60 € et ce n’est pas insignifiant. Surtout ce blocage réglementaire imposé par la Commission européenne n’est valable que pour les forfaits particuliers
On peut s’attendre à ce que l’eSIM de voyage connaisse une croissance exponentielle et que ça devienne un réflexe pour les utilisateurs. Comment les opérateurs traditionnels vont s’insérer là-dedans ? Ils le font déjà en achetant des solutions existantes. Et ils le font aussi en baissant le prix de leurs options internationales.
On en est au début, ça fait un an et demi qu’on a monté la boîte. On a une centaine de partenaires et on sera rentable à la fin de l’année. Sur la précédente boîte, j’avais essayé de faire une levée de fond et ça avait pas marché. On avait réussi à se développer à être rentable aussi en 2 ans à peu près. On essaie de suivre le même parcours. Ce qui va se passer, c’est que avec des levées de fond et un buzz sur le marché de l’eSIM, ça attire des investisseurs qui attendront d’ici 3 ou 4 ans des retours sur leur mise. Il n’y a pas vraiment de raison que le marché s’effondre soudainement ou soit tout de suite investi par des énormes boîtes.
Photo d’ouverture : Ketut Subiyanto
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