Transformer un ancien couvent en ruines en hôtel de luxe tout en respectant son histoire et son esprit : c’est le projet ambitieux porté depuis dix ans par Valéry Grégo, à la tête du groupe Perseus, qui vient d’aboutir après une rénovation minutieuse, au cœur du vieux-Nice. Très attendu dans la cité azuréenne, qui a pourtant vu le nombre d’hôtels 4 et 5 étoiles se multiplier ces dernières années, l’Hôtel du Couvent, membre du réseau Luxury Collection Hotel du groupe Marriott, abrite désormais 88 chambres, trois restaurants, des thermes, un couloir de nage, un centre de documentation, une boulangerie, une herboristerie et un marché en plein air.
Ce projet hors normes a nécessité un investissement de 100 M€ pour restaurer avec soin les trois bâtiments originaux et en adjoindre un nouveau. Pour le mener à bien, Valéry Grégo, anciennement à la tête des Hôtels d’en Haut (aujourd’hui Beaumier), a fait appel à son frère, l’architecte Louis-Antoine Grégo, au Studio Mumbai et au Studio Méditerranée, à Festen pour l’architecture intérieure, et à l’Agence Saint Lazare pour l’identité graphique et la curation de livres anciens.
Cellules monacales ou suite de 166 m2
Fondé par les sœurs Clarisses en 1604 sur un terrain de 10 000 m2, puis occupé par les Visitandines à partir de 1803 et jusque dans les années 1980, le lieu a ensuite abrité un foyer de personnes handicapées avant d’être laissé à l’abandon. Pour respecter au mieux l’histoire du couvent, inscrit aux Bâtiments historiques depuis 1989, les architectes ont mené des recherches documentaires, collecté de nombreuses photos anciennes et se sont inspirés d’autre lieux monastiques. Ils ont également adopté des techniques de construction d’époque, notamment un mélange de chanvre et de chaux pour l’isolation thermique et acoustique, et privilégié les matériaux bruts, comme la pierre, le marbre et le bois.
De nombreuses catégories d’hébergement sont aujourd’hui proposées aux clients, de la cellule presque monacale à l’appartement de 166 m2 avec cuisine et salle à manger, en passant par des chambres avec terrasse et vue sur la Méditerranée ou sur le jardin. Chaque détail a été minutieusement choisi pour évoquer l’esprit du couvent : tapis brodés, tableaux anciens, signalétique, statues antiques disposées dans les salles de bains… et absence de télévision.
Trois restaurants et un marché
Trois espaces de restauration rendent hommage au terroir niçois et à sa gastronomie : le Restaurant du cloître, la Guinguette du jardin et le Bistrot des Serruriers. Le chef Thomas Vétélé (ancien du Péninsula et du Plaza Athénée) s’approvisionne en fruits et légumes à la ferme de l’hôtel, située à Touët-sur-Var, à une cinquantaine de kilomètres. À la carte, sériole crue, gnocchis au pistou, barbajuans de la Roya ou encore tarte au citron. Le pain est fait sur place, par le boulanger Geffrey Marx, fils de Thierry Marx. Et chaque samedi, un marché fermier ouvert à tous, regroupant des producteurs de l’arrière-pays niçois, se déroule dans la cour des orangers.
Autres particularités de l’hôtel, qui n’en manque décidément pas : son jardin en terrasse abritant plus de 300 espaces végétales, son centre de documentation regroupant plus de 3 500 ouvrages sur l’art et la religion, une herboristerie, et des thermes s’inspirant des bains romains. Tépidarium, caldarium et frigidarium se succèdent et débouchent sur l’unctuarium, la salle de soins. À moins que les hôtes ne souhaitent profiter du couloir de nage de 20 mètres dans le jardin, ou participer à un cours de gym, de danse ou de yoga au Mouvement Studio. “Aujourd’hui, les gens voyagent souvent et partout. Ils partent en quête d’inspiration et d’émerveillement”, explique Valéry Grégo. Nul doute que cet objectif sera atteint ici.