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Lors du salon Museum Connections, deux projets culturels utilisant l’IA générative ont été mis en avant : celui du Louvre Abu Dhabi et celui des Musées de Reims.
Comme tout secteur d’activités, le monde culturel s’interroge sur les cas d’usage à développer autour de l’intelligence artificielle générative. Selon Elisabeth Gravil, Fondatrice de Museovation, de nombreux projets permettent de créer de nouvelles expériences visiteur et questionnent également certains métiers.
En 2022-2023, le Louvre Abu Dhabi et les Musées de Reims ont été pionniers dans l’expérimentation de nouveaux dispositifs de médiation. Comme le précise Elisabeth Gravil, ils n’avaient alors pas le même degré de maturité qu’aujourd’hui, mais ils ont essuyé les plâtres et ont montré l’exemple à d’autres acteurs du secteur.
Dans une volonté d’enrichir l’expérience des visiteurs, les Musées de Reims ont introduit Anna, un agent conversationnel basé sur l’intelligence artificielle. Développée par la société DAVI The Humanizers, cette IA s’appuie sur des algorithmes de traitement du langage naturel et de deep learning pour répondre aux questions des visiteurs. De l’historique des collections aux thématiques des œuvres, Anna reformule et simplifie les informations issues d’une base de données alimentée par les équipes des musées. L’objectif ? Rendre les trésors du patrimoine accessibles à tous grâce à une approche sensible et interactive.
« Nous ne voulions pas simplement fournir des informations pratiques ou des cours magistraux d’histoire de l’art », explique Damien Lugnier, Directeur des projets, développement et numérique aux Musées de Reims. « Notre ambition était de proposer une entrée sensorielle et accessible dans les collections, tout en assumant une marge d’erreur inhérente à la technologie. »
Anna, représentée comme une étudiante en histoire de l’art, incarne cette volonté. Elle propose des suggestions d’œuvres à partir de recherches sémantiques et reformule les commentaires originaux pour les adapter aux attentes des visiteurs. Cependant, comme l’admet Damien Lugnier, « Anna reste une IA, elle n’est pas infaillible et ne prétend jamais l’être. » Une transparence qui souligne l’humanité derrière cette innovation technologique et qui reflète la mission première du projet : démocratiser l’accès au patrimoine.
Le projet a été tout autre du côté du Louvre Abu Dhabi, car il ne s’agissait pas de converser avec une IA mais de créer du contenu. Dans le cadre de l’exposition « De Kalīla wa Dimna à La Fontaine : Voyage à travers les fables » qui s’est déroulée de mars à juin 2024, un dispositif de médiation culturelle a été mis en place, intégrant l’intelligence artificielle pour revisiter l’art ancestral des fables.
S’étendant sur 600 mètres carrés, l’exposition mettait en lumière le rôle éducatif et la pertinence sociale des fables, tout en proposant des outils interactifs pour enrichir l’expérience des visiteurs. Parmi eux, un écran interactif permettait aux participants de créer leur propre fable. « On voulait que les visiteurs puissent interagir avec les fables. Ils pouvaient créer la leur en choisissant plusieurs critères : l’animal, l’action et la morale », a expliqué Charlotte Clergeau, Digital Projects Officer chez France Museums, qui a contribué au développement de ce projet. Une fois les choix faits, un prompt préécrit par l’équipe était envoyé à ChatGPT-4, qui générait une fable personnalisée. Pour accompagner le texte, des images avaient été pré-générées afin d’éviter tout résultat incohérent. L’ensemble du dispositif était disponible en trois langues – anglais, français et arabe – tout en informant les visiteurs sur les éventuelles limites du système.
Cependant, intégrer l’intelligence artificielle dans un cadre culturel s’est avéré complexe. « Nous avons été contraints de superviser le dispositif à l’avance, car avec trop de liberté, le modèle donnait des prénoms aux animaux ou était incapable d’utiliser des verbes d’action », a précisé Charlotte Clergeau. Ce contrôle minutieux visait à garantir une cohérence narrative et à respecter les codes des fables classiques.
Les défis techniques se sont également manifestés dans l’imitation des styles littéraires de figures comme Jean de La Fontaine ou Ibn al-Muqaffa. Afin de prévenir les dérives, des post-prompts ont été intégrés pour exclure les contenus sensibles, et les critères de sélection sur l’interface utilisateur étaient volontairement limités. Grâce à ce travail rigoureux, le dispositif offrait une expérience ludique et éducative tout en respectant le contexte local et l’intégrité des œuvres originales.
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