Quatre commerces, dont les 3 Orfèvres, ont baissé le rideau cet été à Tours. Les acteurs du secteur pointent une situation financière tendue et caractéristique de l’après-Covid.
La boîte de nuit Les 3 Orfèvres a fermé du jour au lendemain, après plus de trente ans de présence dans le Vieux-Tours.
© (Photo NR)
Un restaurant de burgers, une pizzeria, un bar et une boîte de nuit bien connue des Tourangeaux… Ces commerces ont tous baissé le rideau cet été. Des liquidations judiciaires (1) que le tribunal de commerce de Tours confirme avoir prononcées lors des audiences du 25 juillet et du 29 août 2023.
Trois d’entre eux sont situés dans l’hypercentre de Tours, l’autre sur l’avenue de la Tranchée. Il s’agit de la boîte de nuit Les 3 Orfèvres, présente depuis plus de trente ans dans le Vieux-Tours, du restaurant Les Frères Tuck (rue Bretonneau), de la pizzeria Più Più (place du Grand-Marché) et du bar Le Quartier(avenue de la Tranchée).
« Sur les 2.500 commerces de Tours, 500 se retrouveront sous tutelle ou fermés »
Nous avons tenté de contacter ces commerces pour en savoir plus sur les circonstances de leur fermeture, en vain. À chaque fois, les voisins évoquent des problèmes financiers liés aux remboursements de prêts, la hausse du coût de l’énergie ou la difficulté des nouveaux commerces à se constituer une clientèle. La preuve en est que trois de ces quatre commerces avaient ouvert récemment, en 2021 et 2022.
De son côté, le tribunal de commerce de Tours dit crouler sous les ouvertures de procédures judiciaires. Au 31 août, le nombre de demandes de mise en redressement judiciaire a augmenté de 102 % (de 40 à 81 dossiers) sur un an. Celui des liquidations judiciaires a augmenté de 70 %.
En janvier déjà, le président du tribunal de commerce Eric Verryden disait craindre « une hausse importante des défaillances d’entreprises pour 2023 ». Avec des trésoreries particulièrement fragilisées dans les secteurs du commerce de détail et la restauration.
Pascal Blaszczyk, secrétaire général de l’Umih, Union des métiers de l’industrie de l’hôtellerie (1), partage ce constat. Également restaurateur dans le Vieux-Tours, il déplore « une dégradation alarmante du niveau des trésoreries ».
Contexte d’« après-Covid »
Selon lui, cette situation n’est pas spécifique à la ville de Tours, elle serait liée à l’après-Covid. « Au niveau national, l’Umih estime que 40 % des entreprises sont en difficulté. Sur les 2.500 commerces de Tours, 500 se retrouveront sous tutelle ou fermées d’ici la fin de l’année. »
« Aujourd’hui, les commerçants doivent rembourser leurs crédits, leurs prêts garantis par l’État et subissent de plein fouet la hausse du coût de l’énergie. Ce contexte d’après-Covid pèse surtout sur les entreprises qui ont moins de sept ans d’activité », analyse Pascal Blaszczyk.
Contactée, la Ville de Tours met en avant une vacance commerciale stable, à 5 %. Elle ajoute que ces quatre liquidations judiciaires sont des cas particuliers et que de nombreux projets commerciaux devraient voir le jour dans les mois à venir.
(1) Procédure applicable à tout débiteur se trouvant en cessation de paiement et dont le redressement judiciaire est manifestement impossible.
(2) L’Umih représente les métiers de l’hôtellerie, de la restauration, des bars, des cafés, des brasseries, du monde de la nuit et des professions saisonnières.