L’association de défense des consommateurs, l’UFC-Que-Choisir préconise d’autoriser la vente des médicaments sans ordonnance en grande surface. Ce n’est pas la première fois. C’est une question qui revient fréquemment dans le débat public depuis plus de 30 ans, celui d’une possible remise en cause du monopole des pharmaciens autour de la vente de médicaments.
Régulièrement, certaines instances officielles (IGAS, Autorité de la Concurrence entres autres…) ou des hommes et femmes politiques proposent de reconsidérer ce fait comme acquis et d’autoriser la vente de médicaments sans ordonnance, par exemple, dans les grandes surfaces et les parapharmacies, comme c’est le cas actuellement chez certains de nos voisins européens comme en Italie ou Royaume-Uni.
Surconsommation de médicaments, pénuries, automédication mal maîtrisée du fait de conseils défaillants ou des excès de la publicité… Face à ces risques pour les usagers, l’UFC-Que Choisir s’est engagée résolument pour une distribution sûre des médicaments. Ce qui n’est pas incompatible avec nos actions pour des prix justes, permis par une concurrence encadrée mais efficace et une réelle transparence des prix.
La France se caractérise par une consommation particulièrement élevée de médicaments, comparativement aux autres pays développés, qui se traduit, au-delà des surcoûts pour notre système de santé, par des conséquences sanitaires parfois lourdes (1). C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir s’est toujours battue, par ses publications, ses actions judiciaires et ses études, pour un usage plus raisonné des médicaments, éclairé par les données de la science.
La lutte contre l’influence des laboratoires passe par l’affaiblissement de leurs stratégies marketing : en attendant son interdiction pure et simple, la publicité pour les médicaments a ainsi été plus fortement encadrée, à notre demande (2).
L’organisation problématique du médicament en France est également rendue évidente par l’explosion des pénuries et autres tensions d’approvisionnement sur la dernière décennie : 3 761 spécialités ont été déclarées en rupture ou risque de rupture de stock en 2022, contre 436 en 2014, soit une multiplication par 8,6 des tensions en huit ans. Notre association s’engage donc sur cette problématique, afin d’enfin obtenir une réponse à la hauteur de la part des pouvoirs publics.
Une enquête conduite dans 772 officines par nos associations locales (3) a mis en lumière les carences du conseil des pharmaciens, car 1 pharmacie enquêtée sur 4 préconisait une posologie dangereuse pour traiter un simple rhume.
Sur les médicaments sans ordonnance, les pharmacies, protégées par un monopole devenu anachronique en Europe et une opacité sur les prix, pratiquent des tarifs trop élevés, avec des écarts de prix entre pharmacies de 1 à 3 pour un même produit. Demandée par l’UFC-Que Choisir mais aussi par l’Autorité de la concurrence, une libéralisation encadrée de l’automédication générerait 250 millions d’euros de gain annuel de pouvoir d’achat pour les usagers, sans menacer les pharmacies rurales.
CE QU’ON A OBTENU
Dans les suites du scandale du Mediator (4), notre association s’est engagée pour assainir l’organisation du médicament en France, en luttant contre l’influence excessive des laboratoires. C’est ainsi que nous avons obtenu :
- un renforcement de la lutte contre les conflits d’intérêts ;
- une hausse des moyens de l’Agence du médicament ;
- l’obligation de prescrire les médicaments en dénomination commune internationale (DCI), et non plus en noms de marque même si l’on peut déplorer la trop faible application de cette obligation (5).
CE QUE NOUS DEMANDONS
- L’interdiction de la publicité sur l’automédication auprès du grand public, pour réduire une pression marketing qui n’a pas lieu d’être pour des produits de santé ;
- La présence d’un encadré spécifique sur l’emballage des médicaments sans ordonnance pour informer le consommateur sur les principales interactions et contre-indications ;
- L’ouverture de la distribution de l’automédication aux grandes surfaces et parapharmacies, sous la surveillance impérative d’un pharmacien, qui générerait 250 millions d’euros de gain de pouvoir d’achat pour les usagers sans remettre en cause le maillage officinal ;
- Une obligation pour les laboratoires de constituer des stocks suffisants pour l’ensemble des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ;
- Un renforcement des sanctions envers les laboratoires négligents dans leur approvisionnement du marché français.
Source UFC QUE CHOISIR