Des initiatives pour s’attacher des saisonniers et offrir un confort de vie pendant la saison.
À Honfleur, face au manque d’hébergement, les saisonniers vont être logés à l’internat du lycée Albert Sorel
Un internat pour loger les saisonniers à Honfleur (Calvados). C’est la solution qui va être expérimentée à l’été 2024 par la région, la ville et l’UMIH pour faire face au problème du logement dans les zones touristiques. Vingt places seront proposées à un tarif très raisonnable.
C’est un problème que rencontrent les saisonniers quand ils viennent travailler dans les zones touristiques : celui du logement. Honfleur, cinquième ville la plus visitée de France avec 5,2 millions de touristes chaque année, est particulièrement concernée. La région Normandie a décidé d’y mettre à disposition l’internat du lycée Albert Sorel pour loger les saisonniers.
Expérimentation sur le pic de la saison estivale
Cette expérimentation va être menée pour la première fois du 12 juillet au 25 août, c’est-à-dire pour le pic de la saison estivale. Vingt places de l’internat sont mises à disposition au prix de 70 euros la semaine, à condition de louer pour toute la période. Autant dire un tarif plus que raisonnable.
La région Normandie s’est inspirée de l’exemple des Bretons de Dinard où les loyers sont aussi inabordables qu’à Honfleur. Les saisonniers y sont logés dans un internat depuis plusieurs années. Les internats des lycées qui appartiennent à la région, explique Sophie Gaugain, vice-présidente en charge du développement économique. Pourtant, tout n’a pas été simple à mettre en oeuvre. “Il faut d’abord que l’établissement soit partenaire, que la filière professionnelle accepte de s’impliquer dans la gestion, et donc nous avons signé trois conventions, qui relient à la fois la région, le lycée, l’UMIH du Calvados et la ville de Honfleur.“
Un règlement intérieur strict dans l’internat
Et tout ça a un coût, essentiellement pour assurer le gardiennage et l’entretien. 25.000 euros sont payés à parts égales par la région et par la ville, et 3.000 euros par l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie). Yann France, son président dans le Calvados, est très ferme : pas question de faire n’importe quoi dans l’internat.
“C’est uniquement pour se loger. Il y a quand même un local commun où les saisonniers pourront prendre leur petit déjeuner, se faire un café. Mais il n’y aura pas de kitchenette, pas de cuisine, pour éviter tout problème d’incendie, de court-circuit. On a quand même une responsabilité sur ces saisonniers-là. Mais de toute façon, dans nos métiers, 90% d’entre eux se restaurent dans les entreprises.“
Les entreprises auront un droit d’entrée de 100 euros à payer. Mais Yann France a n’aucun doute sur le fait que les vingt places vont vite trouver preneurs. Si l’expérimentation est concluante, les vingt places restantes de l’internat d’Honfleur pourraient être utilisées l’année prochaine. Et pourquoi pas l’internat du lycée Jean Jooris de Dives-sur-Mer, car Honfleur n’est évidemment pas le seul secteur en tension sur la Côte Fleurie.
A Saint-Pol-de-Léon, le « village éphémère » de la société Seasons Beds propose des chambres meublées de 7 à 14 m2 aménagées dans des bungalows de chantier neufs.
L’objectif de ce village démontable, lutter contre le manque de logement pour les saisonniers, qui cause des difficultés aux commerces.
C’est un, si ce n’est le problème principal. Face au manque de logement pour les saisonniers, la ville de Saint-Tropez (Var) a décidé d’installer un village démontable pour loger ces derniers.
“On a souhaité ‘innover’ une structure très agréable à vivre pour toutes les personnes qui vont nous aider pendant la saison”, explique Sylvie Siri, maire de Saint-Tropez, au micro de BFM Nice Côte d’Azur.
47 personnes logées pour 100 euros par mois
Installé derrière le campus sportif du Moulin blanc, ce village entièrement fait de préfabriqués, accueillera 47 personnes. Le tout pour un loyer mensuel de 100 euros, avec de nombreux services.
“Le wifi pour tous gratuit, une société de ménage qui va faire l’entretien, il y a un gardien à l’année pour assurer la sécurité du site”, souffle Thierry Usunier, directeur de la cohésion sociale et du logement à Saint-Tropez, au micro de BFM Nice Côte d’Azur.
Les personnes qui y seront logées participeront activement à la vie de la commune, prise d’assaut par de nombreux touristes l’été.
“Ce sont des agents notamment pour la sécurité, ceux qui travaillent à la culture plus le centre aéré, la jeunesse et le sport”, ajoute la maire de Saint-Tropez.
Le logement, un frein à l’embauche
Ce village éphémère n’a rien d’anodin. Le logement constitut un véritable enjeu pour les emplois saisonniers. Notamment à Saint-Tropez, où l’été, la population peut atteindre les 100.000 personnes, contre 3.500 habituellement.
“On nous demande beaucoup le logement”, souffle Sandy Boatto, responsable vendeuse à la boulangerie de l’Olivier. Dans ce commerce, alors que la saison estivale démarre ce week-end, il “manque 4 personnes”, ajoute-t-elle.
Même constat du côté du café Lapérouse. “On a de la demande, les gens veulent travailler, mais le problème, c’est le logement”, souffle son directeur, Michael Ciric.
Alors, et ils ne sont pas les seuls, ce sont eux qui essayent de loger les saisonniers. “On recherche nous des appartements qu’on leur met après pour eux, mais c’est très difficile de trouver. Les propriétaires préfèrent faire du Airbnb qu’un logement saisonnier”, conclut-il.