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Quelle est la stratégie du groupe SNCF autour de l’intelligence artificielle ? TOM s’est entretenu avec Julien Nicolas, directeur numérique, IA groupe SNCF et e.SNCF Solutions, pour en savoir plus sur la façon dont le groupe ferroviaire s’empare de l’intelligence artificielle, 25 ans après le virage digital.
Julien Nicolas : Je suis chargé de faciliter et d’accélérer le déploiement de l’IA dans le Groupe. Cela fait longtemps que nous utilisons l’IA dans différentes activités, aujourd’hui notre objectif est d’accélérer par le biais de différents leviers. Dans ce cadre, mon rôle est de garantir l’accès de nos collaborateurs à l’ensemble des technologies qui permettent de développer l’IA, qu’il s’agisse de solutions de marché, d’outils développés en interne ou de l’accès aux LLM. Le deuxième axe repose sur l’acculturation et la formation des collaborateurs autour de l’intelligence artificielle.
Enfin, j’assure l’animation d’une communauté IA à l’échelle du Groupe. Nous avons créé un comité IA qui regroupe l’ensemble de nos activités, SNCF Réseau, SNCF Gares et Connexions, SNCF Voyageurs, Rail Logistics Europe et nos deux grandes filiales Geodis et Keolis. L’objectif est de partager les bonnes pratiques de chacun pour faciliter les orientations et les choix stratégiques. Chaque axe de notre stratégie IA s’appuie sur l’implication d’équipes dédiées.
Aujourd’hui, le train représente environ 10% de la mobilité en France et nous souhaitons passer à 20%. Comme le numérique, l’intelligence artificielle est l’un des leviers sur lesquels la SNCF s’appuie pour atteindre cet objectif de doublement de la part modale du train.
L’un des grands axes de notre stratégie IA est technologique. Il repose sur l’accès de nos collaborateurs à des outils d’IA pour simplifier leur activité. La deuxième priorité de notre stratégie IA est d’accroître notre performance industrielle, par exemple à travers la réduction des pannes grâce à la maintenance prédictive. Un autre axe consiste à faciliter la vie de nos passagers en optimisant la relation client, l’information voyageur ainsi que la gestion de l’affluence. Il y a 25 ans, la SNCF s’est pleinement emparée du digital et aujourd’hui je pense qu’il y a une vraie révolution de l’IA.
Notre stratégie repose sur les trois axes cités : l’IA au service de nos collaborateurs, l’IA pour améliorer notre performance industrielle et l’IA au service des voyageurs. Nous avons créé Groupe SNCF GPT, un espace sécurisé nourri par Chat GPT, Le Chat et Claude, avec lequel 100 000 de nos collaborateurs peuvent aujourd’hui travailler. Les différentes fonctionnalités de l’outil permettent aux collaborateurs de gagner du temps et d’augmenter leur efficacité dans leurs tâches quotidiennes. A titre d’exemple, la SNCF compte environ 70 000 documents de référence, ceux-ci seront progressivement accessibles, facilitant ainsi les recherches pour les collaborateurs.
Les opérations industrielles sont tout aussi prioritaires : avec la direction du matériel, nous travaillons par exemple sur la maintenance prédictive, qui nous permet de mieux anticiper la maintenance et donc d’éviter des pannes. Cet axe repose à la fois sur l’installation de capteurs sur notre flotte de trains – à grande vitesse, TER ou Transilien – mais aussi sur l’analyse d’images. Par exemple, sur le réseau, l’analyse des images satellites permet d’identifier la végétation dont la croissance est susceptible d’entraver les infrastructures et permettre aux équipes d’intervenir en amont. Les opérateurs de maintenance peuvent aussi utiliser l’analyse d’images pour aider à la catégorisation des pièces lors des interventions. Enfin, l’utilisation de bots et d’interfaces conversationnelles illustre comment l’IA peut optimiser la relation client et faciliter l’accès à l’information.
Sur la partie exploratoire, nous avons notamment créé une “Chaire d’enseignement et de recherche sur l’intelligence artificielle et l’optimisation pour les mobilités” avec l’École polytechnique et la Fondation de l’École polytechnique. La prédiction des reprises en cas d’incident est l’un des terrains d’exploration important car il permet de mieux donner l’information à nos voyageurs, tout comme l’optimisation des plans de transports.
L’open-innovation est aussi un levier de notre stratégie. Par exemple, le programme d’analyse du flux vidéo repose sur une collaboration avec la start-up XXII (twenty two, NDR), dans laquelle 574 Invest, notre fonds d’investissement dédié aux start-up, a investi.
Dans un marché qui n’est pas complètement mature, il y a avant tout un enjeu de sécurité, de performance mais aussi d’agilité. L’objectif est de pouvoir tester les dernières innovations au gré de la rapidité d’évolution des différentes versions. Chaque LLM présente des avantages et des faiblesses en fonction des cas d’usages, certains sont meilleurs que d’autres dans la génération de textes, ou par exemple, dans l’analyse d’images.
En tant qu’entreprise publique, nous répondons aux codes propres à nos marchés et avons évidemment un intérêt à contribuer au développement de solutions souveraines. Lorsque nos choix peuvent aller vers des solutions qui sont françaises ou européennes, évidemment, nous avons plutôt à cœur de faire grandir l’écosystème qui est à nos portes.
Nous avons lancé un programme ambitieux pour sensibiliser et former nos collaborateurs à l’IA. Nous ressentons une forte volonté d’acculturation de leur part : l’accès aux outils et à la formation est largement sollicité par nos équipes. L’accompagnement que nous proposons se traduit notamment par des ateliers de formation, par groupes de 20, 30 ou 40 collaborateurs, qui permettent de réexpliquer ce qu’est l’IA et ce qu’elle n’est pas, ainsi que de présenter quelques solutions du marché.
D’autres sessions permettent par exemple d’approfondir les techniques de prompt. Il y a une véritable envie d’être accompagné et de s’emparer des outils. Aujourd’hui, 25 000 collaborateurs du groupe SNCF ont déjà pu être sensibilisés à l’IA, et nous poursuivons le travail d’acculturation dans cette dynamique.
C’est un levier indirect. Le train étant un mode de transport décarboné, les leviers -à l’instar de l’IA- nous permettant d’améliorer notre performance industrielle pour proposer plus de trains répondent à l’enjeu global de décarbonation des transports. Par ailleurs, cette technologie peut nous aider à optimiser notre consommation d’énergie. Aujourd’hui, la SNCF est le premier consommateur industriel d’électricité en France. Nous avons créé un logiciel d’éco-conduite assisté par l’IA, qui fournit au conducteur des informations lui permettant d’adapter sa vitesse de conduite. Nous estimons que cela entraîne une réduction de la consommation électrique de 7 à 12 %. L’installation de capteurs facilite également l’analyse de la consommation énergétique de nos bâtiments pour réduire l’empreinte de carbone du Groupe.
Photo d’ouverture : Meizhi Lang
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