Aucune autre ville ne mêle si intimement le divin au trivial. Aucune autre ville ne marie sur chaque place, dans chaque rue,
au cœur de chaque palais, les dieux, les hommes et les statues de pierre. Naturellement. Inexorablement. Texte Anne Marie Cattelain Le Dû
Qu’on soit pratiquant ou athée, théologien ou indifférent à la légende de Romulus et Rémus, on se laisse happer par la ville aux sept collines. Depuis l’Antiquité, loin de devenir un musée à ciel ouvert, sans autre vie que celle, impalpable, des dieux, elle a déjoué les pièges de l’apothéose, de la déification, de la dictature, de la guerre civile. Rome, entre le Colisée, le Panthéon, le Vatican, la fontaine de Trévise et la Villa Borghèse, pour ne citer que quelques-uns de ses symboles forts, cultive l’art de vivre et de vivre bien, de la créativité entre stylistes de mode, designers, acteurs culturels et chefs, même si Michelin, peu hardi, n’y distingue qu’un trois étoiles, La Pergola. Le plaisir de la table niche ailleurs, dans les traditionnelles trattorias inscrivant à leur menu des mets romains arrosés de Nzú, vin bio cultivé dans un petit village non loin de la capitale. À déguster dans une ambiance plus que joyeuse.
La ville aux mille clochers déroule ses quartiers, où les plus grands réalisateurs italiens ont posé leur caméra. Ainsi, sur la rive gauche du Tibre, à Trastevere, désormais fief de la branchitude urbaine, on plonge dans l’univers du Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica, du Roma de Federico Fellini