Salvador Dalí y résida avec ses guépards. Picasso y fêta son mariage avec Olga. Nombre d’auteurs s’y retirent pour écrire. Des cinéastes y posent leur caméra. Des actrices y fêtent leur dernier rôle. Depuis 205 ans, le palace de la rue de Rivoli, à Paris, joue la carte arty. Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
Décembre ! Les arbres des Tuileries frissonnent et dégoulinent. Les cyclistes, désormais seuls autorisés, avec les taxis, à circuler rue de Rivoli, se recroquevillent sur leur selle pour offrir moins de prise au vent glacial. Sous les arcades, les luminaires à l’ancienne du Meurice aimantent les passants. On s’engouffre dans le palace, pestant contre la lenteur des portes tambour. Changement d’atmosphère, d’époque presque, pénétrant de plain-pied, comme les premiers hôtes, en majorité britanniques, dans une bulle préservée, élégante, chaleureuse. Plus de 200 ans après son ouverture, tout est pareil mais tout a changé, avec délicatesse. La force de ce 5-étoiles de la Dorchester Collection : garder sa personnalité, résister aux modes qui banalisent les plus beaux hôtels du monde.
Surplombant la rue de Rivoli, la terrasse de 650 m2 prolonge la suite Belle Étoile. © DR © DR Pendant des années, Salvador Dalí résida plusieurs mois d’affilée dans le palace. © Fabrice Héron
Charles-Augustin Meurice, venu de Calais, l’ouvrit avec son fils Louis-Augustin en 1818, imaginant une escale chic pour les Anglais en route vers la Côte d’Azur, dont ils furent les premiers estivants, ou vers Le Havre pour embarquer à bord des transatlantiques. Succès tel qu’en 1835, le Meurice déménage du 223 rue Saint-Honoré au 228 rue de Rivoli, son adresse actuelle,