Dévalant les versants d’une colline escarpée, dans le parc national de Núi Chúa, réserve de biosphère de l’Unesco au sud-est du Vietnam, 35 demeures, très espacées les unes des autres, dialoguent avec le ciel, la mer et la jungle. Texte Anne Marie Cattelain Le Dû
« Je me suis inspiré des temples bouddhistes, organisant des cassures pour dissuader les mauvais esprits qui n’empruntent que les lignes droites » : louable intention de Jean-Michel Gathy, l’architecte concepteur de l’Amanoi, justifiant ces envolées de marches brisées dans leur élan par de larges paliers. On les emprunte sous les regards goguenards des dieux potelés du vent, accompagnés des Mâu, déesses mères de la terre, de l’eau, des montagnes et des forêts, pour atteindre le nirvana. En haut de ces degrés, en guise d’introduction à l’Amanoi, la mer miroite à l’horizon, encadrée d’un incroyable fouillis végétal. Rien d’autre que cette nature volontairement indomptée, préservée lors de la construction de l’hôtel. Pas une maison en vis-à-vis. Pas un bruit dénonçant une quelconque activité humaine. Rien que le cri éraillé d’un red junglefowl (coq doré), ancêtre de nos poules domestiques qui, à l’ombre des sous-bois, gratte le sol sec pour dénicher quelques pitances. Rien que le bruissement du vent marin caressant les roches couleur d’or, aux formes adoucies par l’érosion. Roches qui émergent à l’envi sur ces 42 hectares vierges encerclant l’Amanoi.
L’eau du lac pour miroir, les lotus et nénuphars pour décor, le calme pour méditer. © DR
Dix ans juste que le groupe Aman a ancré au cœur