Je pensais avoir vu passer pas mal d’initiatives originales dans l’hôtellerie. Mais l’interview d’Hervé, dans le dernier épisode d’Inno’Tourism, m’a retourné. Pour une fois, on ne m’a pas parlé d’IA comme d’un buzzword ou d’un gadget pour “corriger un mail”. Non. Hervé m’a raconté, démonstration à l’appui, comment il a intégré l’intelligence artificielle au cœur des opérations de son hôtel. Résultat : il est passé de 60 mails par jour à zéro intervention humaine… sans sacrifier la relation client. Mieux : il l’a renforcée.
Et moi, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire : “Mais pourquoi ne fait-on pas tous ça déjà ?”
Parce que ce qu’il a fait, ce n’est pas de la théorie. C’est concret, mesurable, et surtout, accessibles à tous les hôteliers, même ceux qui ne sont pas ingénieurs comme lui.

L’IA dans l’hôtellerie : un désert
Quand on parle d’intelligence artificielle dans d’autres secteurs – musique, finance, RH, design – on voit des choses incroyables. Mais en hôtellerie ? On en est encore à “améliorer un mail” ou à “répondre à un avis”. C’est ce que je dis souvent dans mes conférences : l’IA est partout, sauf chez nous.
Et les chiffres le confirment : en 2023, seuls 11 % des hôtels européens utilisaient un outil IA de manière réelle. Pendant ce temps, le marché mondial de l’IA pour l’hôtellerie est estimé à 70 milliards de dollars d’ici 2031, contre 16 milliards en 2021. Le train est en marche. Et la plupart des hôteliers sont encore sur le quai.
Le déclic d’Hervé : une réceptionniste en larmes
Hervé dirige un hôtel bateau à Paris, le VIP Paris. C’est un OVNI dans le paysage hôtelier : croisières, dîners, cabarets, jacuzzi à bord… bref, un cauchemar logistique au quotidien. Il m’explique qu’avant, son équipe gérait entre 40 et 60 mails par jour, à la main. Et puis un soir, le déclic.
Une réceptionniste l’appelle, au bord des larmes. Un client menace d’annuler sa réservation pour son anniversaire de mariage, faute de réponse à un mail resté sans réponse pendant deux jours. Deux jours ! Ça aurait pu ruiner des mois d’efforts pour construire une bonne réputation.
Cette nuit-là, Hervé rouvre son ordinateur. Et remet la main dans le cambouis.
Du bricolage à la révolution
Il commence par connecter sa boîte mail au PMS via un outil comme Zapier. Il bricole. Il teste. Il comprend l’API de son PMS. Puis il affine. Trois ans de travail. Et un jour, il n’a plus besoin de répondre manuellement.
Ce qu’il a créé, il l’a nommé Omnidesk : une IA branchée directement sur son PMS, capable de comprendre un mail, d’aller chercher les infos dans le système de gestion, de rédiger une réponse naturelle… et de l’envoyer automatiquement. Sans humain.
Temps de réponse moyen ? Moins de deux minutes.
Et je vous jure, j’ai vu la démo. En live. L’IA a retrouvé une réservation sans numéro, ajouté un parking et un petit-déjeuner, renvoyé le prix total au client… et mis à jour la fiche dans le PMS.
“On est passés de 4 heures à 2 minutes”
C’est ce qu’il m’a dit. Et ce qui m’a frappé, c’est que ce n’est pas juste une prouesse technologique. C’est une transformation de l’organisation.
Avant Omnidesk, ses réceptionnistes passaient leurs journées à taper sur des claviers. Aujourd’hui, ils passent du temps avec les clients. À discuter au check-out. À conseiller. À gérer des imprévus.
Et pour Hervé, c’est double gain : il améliore la satisfaction client… tout en évitant de recruter. Il estime qu’un poste économisé, c’est 30 000 € par an. Et ça, c’est sans compter le gain en vente directe.
Parce qu’Omnidesk ne se contente pas de répondre : il redirige vers le moteur de réservation, avec les bonnes dates et les bonnes chambres pré-remplies. En clair, chaque réponse devient un tunnel de conversion.
Et les équipes ? Elles ont eu peur ?
C’est LA question que je pose à chaque fois qu’on parle d’automatisation. Et la réponse d’Hervé m’a marqué : “Oui, au début. Mais très vite, ils ont vu le bénéfice. Et surtout, on a commencé en mode brouillon.”
C’est malin : Omnidesk peut fonctionner en “semi-automatique”, où l’IA prépare les réponses mais ne les envoie pas sans validation. Une fois la confiance établie, on passe en automatique. Et à ce moment-là, tout le monde respire mieux.
Ce n’est pas un gadget. C’est un levier.
Ce que j’ai compris en parlant avec Hervé, c’est que l’IA, ce n’est plus un luxe. C’est une nécessité stratégique.
Quand les grandes chaînes (vous les connaissez…) auront intégré ce type de système, les indépendants qui n’auront pas bougé seront largués. Ils mettront deux jours à répondre à des mails quand les autres répondront en 2 minutes, 24h/24, 7j/7.
Mais il y a une opportunité. Car les grands groupes sont lents. Lourds. Ils doivent aligner des comités, des validations, des intégrations à échelle mondiale.
Les indépendants, eux, peuvent bouger vite.
L’offre qui m’a bluffé
À la fin de l’interview, Hervé lâche une bombe : 20 hôtels peuvent bénéficier de l’installation gratuite d’Omnidesk, avec 3 mois de test sans frais ni engagement, jusqu’au 30 septembre.
C’est simple : si au bout de 3 mois, vous n’êtes pas convaincu, vous arrêtez. Vous n’aurez rien payé.
Et honnêtement, vu ce que j’ai vu, vous ne voudrez pas arrêter.
Ce que je retiens
Cette interview m’a mis une claque.
Parce que je parle d’innovation chaque mois dans Inno’Tourism, mais là, j’ai vu une vraie transformation opérationnelle, simple, mesurable, duplicable.
Et parce que ça vient d’un hôtelier, pas d’un fournisseur de logiciels ou d’un consultant en innovation.
Hervé a compris un truc fondamental : l’IA n’est pas là pour remplacer l’humain, mais pour lui rendre son vrai rôle. L’accueil. Le contact. L’hospitalité.
Et si on veut que nos hôtels survivent à la prochaine vague technologique, il va falloir qu’on en fasse autant.
Pour postuler à l’offre pilote Omnidesk : écrivez à herve.debbah@j-aime.fr avant le 30 septembre. Les 20 premiers hôtels seront sélectionnés.
Tony Loeb – Tiré d’une inteview d’Hervé Debbah @ OmniDesk