Le luxe fantôme : ces projets jamais construits qui façonnent pourtant le luxe de demain
Et si les projets les plus influents du luxe… étaient ceux qui n’ont jamais vu le jour ?
Dans le tourisme haut de gamme, il existe des hôtels qui ouvrent, qui ferment…
Et puis il existe un troisième type d’hôtels : ceux qui hantent le secteur sans avoir jamais accueilli un seul client.
J’appelle ça les “fantômes du luxe”.
Et il en existe trois catégories.
1) Le fantôme annulé : l’hôtel de Sarakiniko, Milos (Grèce)
Un resort 5* avait obtenu un permis pour s’implanter à proximité du site lunaire de Sarakiniko.
Plans validés, premières étapes administratives franchies…
Jusqu’à ce qu’en 2024, sous la pression des habitants et des ONG, la licence soit annulée pour irrégularités et risques environnementaux.
Résultat : ce “non-hôtel” est devenu un symbole. Il a contribué à durcir la position des Cyclades sur la préservation des paysages et les limites du tourisme premium.
2) Le fantôme annoncé puis jamais réalisé : le SO/Sofitel Champs-Élysées (Paris)
En 2017, un hôtel 5*, une centaine de chambres, et une piscine sur le toit des Champs-Élysées étaient annoncés par Accor et Groupama Immobilier.
Puis… silence.
Le bâtiment a été revendu en 2022, le pipeline hôtelier a disparu, et aucune trace de chantier n’a jamais émergé.
Mais son simple projet a laissé une empreinte : il a nourri le débat sur la saturation du luxe sur l’avenue et accéléré la bascule vers des flagships hybrides comme l’hôtel Louis Vuitton.
3) Le fantôme conceptuel : Moon Dubaï
Une sphère de plus de 200 m de haut, 4 000 suites, une “colonie lunaire” intérieure, un budget estimé entre 5 et 7 milliards de dollars : le projet Moon Dubai, porté par Moon World Resorts Inc., a fait le tour du monde.
Rendus 3D, interviews, calendrier annoncé (objectif 2027)…
Mais à ce jour, aucune autorité de Dubaï n’a confirmé :
• ni permis de construire,
• ni terrain attribué,
• ni début de chantier.
Ce méga-resort reste donc une proposition conceptuelle, spectaculaire et hyper-médiatisée, mais non approuvée. Et pourtant, son imaginaire influence déjà les mégaprojets futuristes du Golfe.
Ces trois fantômes n’ont rien construit.
Et pourtant, ils ont construit quelque chose :
un langage, des limites, des peurs, des ambitions.
Ils éclairent ce que le luxe doit désormais affronter :
• des territoires qui disent “non”,
• des marques qui doivent justifier leur présence,
• des projets conceptuels qui façonnent l’imaginaire avant même la réalité.
Le luxe fantôme n’est pas une erreur de parcours.
C’est un révélateur, parfois même un précurseur.
