
Michael Malapert conçoit des lieux chaleureux et singuliers, où chaque détail raconte une histoire, et il est derrière certaines des adresses les plus inspirantes de l’hôtellerie et de la restauration en France. Aujourd’hui, je reçois un architecte d’intérieur, pour explorer comment l’architecture peut transformer l’expérience client !
Avec des projets à Athènes, Madrid, Nice, Bordeaux, et Paris, Michael et son agence spécialisée dans l’hospitality, visent principalement les établissements 4 et 5 étoiles. Il partage comment son parcours, influencé par un père architecte et une mère dans les médecines douces, l’a mené à combiner la notion d’espace avec le confort du corps, poussé par un besoin vital de créativité.
Ensemble, nous allons explorer :
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Quel est le chemin pour devenir architecte d’intérieur ?
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Comment une expérience au sein de l’agence de Philippe Starck a marqué ses débuts ?
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Pourquoi l’architecture d’intérieur est si fondamentale dans l’expérience client ?
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Quel est le processus créatif de l’agence Maison Malapert, de l’analyse du contexte à la construction d’une histoire forte qui devient la colonne vertébrale du projet ?
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Quels sont ses exemples concrets de lieux transformés, comme Le Chouchou à Paris, Le Boudoir des Muses, ou encore Renaissance à Bordeaux ?
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Comment l’équipe jongle avec l’existant pour moderniser tout en respectant l’histoire du lieu tout en intégrant la notion de RSE ?
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Comment intégrer les besoins des futurs usagers, y compris les collaborateurs de l’hôtel, dès le début du projet ?
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Quel est son point de vue sur l’intelligence artificielle dans l’hospitalité ?
Préparez-vous à repenser la manière dont les espaces hôteliers et de restauration sont conçus pour émerveiller !
L’architecture d’intérieur dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration d’excellence ne se limite pas à l’esthétique ; elle est un levier fondamental de l’expérience client. Pour Michael Malapert, architecte d’intérieur et fondateur de Maison Malapert, il s’agit de concevoir des lieux chaleureux et singuliers où chaque détail raconte une histoire. Son travail façonne l’atmosphère d’adresses inspirantes à Athènes, Madrid, Nice, Bordeaux, et Paris.
Fort d’un parcours influencé par un père architecte et une mère versée dans les médecines douces, Michael a développé une approche qui combine la notion d’espace avec le confort du corps. Cette synergie, alliée à un besoin vital de créativité, l’a naturellement conduit vers l’architecture d’intérieur, un domaine offrant plus de liberté d’expression que l’architecture pure, souvent contrainte par les contextes. Après des études en école d’art et de design, une expérience formatrice au sein de l’agence de Philippe Starck a marqué ses débuts, lui permettant de s’initier à la conception de restaurants et d’hôtels.
Aujourd’hui, son agence parisienne d’une dizaine de personnes se spécialise dans l’hospitality (hôtellerie, restauration, lieux de vie), visant principalement les établissements 4 et 5 étoiles. Michael considère ce secteur comme particulièrement innovant et un référent en matière de recherche d’expérience client pour d’autres domaines comme le retail ou les bureaux.
Le processus créatif : De l’analyse à la colonne vertébrale
Le cœur du processus créatif chez Maison Malapert réside dans une analyse poussée du contexte – le bâtiment, son histoire, le quartier, la ville, la clientèle. Cette analyse sert de base pour construire une histoire forte, qui devient la colonne vertébrale du projet. Cette histoire influence ensuite tous les aspects, du nom au graphisme, en passant parfois par le F&B (Food and Beverage), pour assurer une cohérence maximale. Michael souligne l’importance de cette histoire pour définir l’identité du lieu, car « tout découle de ça ».
Les sources d’inspiration peuvent être variées. Pour l’hôtel Le Chouchou à Paris, situé dans un quartier de bureaux, l’idée était de prendre le contrepied en créant une sorte de guinguette urbaine pour les riverains. Pour Le Boudoir des Muses dans le Marais, c’est l’histoire riche du bâtiment (ancien couvent, bordel, théâtre) qui a servi de réservoir de références pour concevoir le nouveau lieu. Dans le cas du Renaissance à Bordeaux, installé dans d’anciens silos à grain, le défi unique a permis de créer une expérience très théâtrale dès l’entrée, que Michael décrit comme un « film », une succession de séquences entre le lobby, le restaurant en rooftop, et les autres espaces. Son agence a conçu tous les intérieurs de cet établissement.
L’architecte d’intérieur intervient généralement après l’architecte pur, qui s’occupe de la faisabilité et des permis. C’est souvent l’architecte d’intérieur qui apporte l’identité forte au projet dans le domaine de l’hospitality.
L’architecture comme première impression et créateur d’atmosphère
L’architecture d’intérieur est le premier contact physique qu’un client a avec un hôtel ou un restaurant. Avant même un bonjour, l’espace transmet des « vibrations » et donne la tonalité de l’expérience future. Comme on dit, on n’a jamais deux occasions de faire une bonne première impression. Le rôle de l’architecte d’intérieur est donc de mettre en place les bons codes pour que le client comprenne immédiatement l’identité du lieu, qu’il s’agisse d’un lieu de vie, d’un bar, ou d’une atmosphère feutrée ou pétillante. Si cette première impression est mauvaise ou si le lieu n’est pas compris, il devient difficile de rattraper l’expérience.
Concrètement, la création d’atmosphère passe par plusieurs leviers :
- L’organisation spatiale : Par exemple, déporter le comptoir d’accueil traditionnel pour ouvrir le lobby sur un lieu de vie accessible au bar ou au restaurant, reconnaissant qu’un hôtel est aujourd’hui un lieu couvrant tous les besoins de la journée.
- Les éléments identitaires : Les matières, les couleurs, et surtout la lumière, permettent au client de comprendre immédiatement le type d’hôtel dans lequel il se trouve.
Concevoir pour tous les usagers : clients et collaborateurs
Une dimension cruciale, souvent négligée, est l’intégration des besoins de tous les futurs usagers, y compris les collaborateurs (le personnel). Michael insiste sur l’importance du dialogue avec les opérationnels dès les premières phases du projet pour s’assurer que les espaces ne sont pas seulement beaux pour les clients, mais aussi pratiques et optimisés pour ceux qui y travaillent au quotidien. Un directeur d’hôtel, par exemple, devrait arriver assez tôt dans le processus pour partager sa vision de l’exploitation quotidienne. Ne pas le faire en amont rend les modifications beaucoup plus compliquées et peut nuire à l’efficacité opérationnelle. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles faire appel à un cabinet spécialisé dans l’hospitality est pertinent, car cette expérience permet d’anticiper ces besoins spécifiques.
Des lieux évolutifs et durables
Les lieux conçus aujourd’hui tendent à être de plus en plus évolutifs au fil de la journée. L’objectif est d’offrir différentes perceptions du même espace, par exemple transformer une salle de petit-déjeuner en restaurant le soir. Cela s’obtient en jouant avec la lumière, la musique, l’animation, et parfois des éléments spatiaux qui apparaissent ou disparaissent.
Le développement durable et la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) sont désormais systématiquement intégrés aux projets. Poussés par des classements et labels (HQE, BREEAM, Clé Verte), les architectes doivent répondre à des normes environnementales précises sur les matériaux, la conception, l’éclairage. L’impact écologique est calculé, souvent via des consultants ou des outils dédiés comme celui développé par Maison Malapert avec Carbon Saver. L’intégration d’éléments durables comme les fontaines à eau à chaque étage ou les aménités rechargeables dans les chambres devient la norme. Travailler sur l’existant et réutiliser ou conserver des éléments lors de rénovations est aussi une manière de répondre à ces enjeux tout en créant de l’intérêt. Cette demande d’intégration durable est désormais une partie prenante réelle des projets.
Singularité et humanité
Michael Malapert encourage les jeunes architectes à cultiver leur singularité plutôt que de suivre aveuglément les tendances, car c’est cette unicité qui apporte une richesse aux projets et crée une connexion avec les clients. Il voit l’hospitality comme un secteur en constante évolution, où la « tradition n’est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu », impliquant de savoir adapter les savoir-faire aux besoins contemporains.
Concernant le futur, notamment face à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA), Michael estime que dans l’hospitality, l’IA doit impérativement rester un outil en arrière-plan. Pour lui, l’essence de ce métier réside fondamentalement dans la relation humaine, et il faut faire preuve de prudence pour ne pas perdre cette dimension essentielle.
En somme, l’architecture d’intérieur, telle que pratiquée par Michael Malapert et son agence, est bien plus qu’une question de décoration ; c’est un art complexe qui, en s’appuyant sur l’histoire, le contexte, les besoins de tous les usagers, la durabilité et la créativité, transcende le simple espace pour créer des expériences mémorables et pleines de sens pour les clients.
Notes et références
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- Mail : michael@maisonmalapert.com
La citation
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