Il y a des parcours qui ressemblent à des romans de l’hôtellerie moderne. Celui de Vincent Ramelli, invité de notre podcast avec Tony Loeb, en fait partie. En près de trente ans, il a tout connu : la naissance d’Internet, la bulle du web, la guerre des OTA, la montée des plateformes, la pandémie… et aujourd’hui, un nouveau chapitre avec LodgIQ, société spécialisée dans le revenue management et l’intelligence de marché.
Ce qui frappe d’abord dans cette conversation, c’est la lucidité de Vincent Ramelli sur l’évolution du secteur. Il rappelle que l’hôtellerie n’a jamais été aussi complexe : « L’offre a explosé, les coûts ont grimpé, et les tarifs montent et descendent à des vitesses qu’on n’avait jamais vues. » Entre Airbnb, les low-costs et les nouveaux modes de voyage, l’hôtelier d’aujourd’hui se retrouve dans une course où la constance et la stabilité deviennent ses meilleures armes. « Ce n’est pas en vendant cher qu’on gagne bien sa vie, c’est en vendant bien », résume-t-il.
Le parcours de Ramelli est atypique. Avant l’hôtellerie, il travaillait dans les télécoms, à l’époque où le web n’en était qu’à ses débuts. Il fait partie des premiers à comprendre que les réservations en ligne allaient transformer l’industrie. « À la fin des années 90, il y avait à peine 300 millions d’utilisateurs d’Internet. On rêvait d’un milliard. » Puis vient le moment de basculer dans l’hôtellerie, de devenir hôtelier lui-même. « Mes produits sont devenus plus intelligents le jour où j’ai compris le métier d’hôtelier de l’intérieur », confie-t-il.
« Ce n’est pas en vendant cher qu’on gagne bien sa vie, c’est en vendant bien »
Les anecdotes ne manquent pas, comme celle de ses premiers pas sur Booking.com : « Pour être numéro un, il suffisait d’ouvrir 1 000 chambres sur le back-office, même si on en avait 70. » Derrière le sourire, une réalité : l’intuition et la débrouillardise ont souvent précédé la technologie.
C’est justement cette expérience qui l’a conduit à créer WIHP, l’une des premières plateformes de réservation directe, utilisée par des milliers d’hôtels dans le monde, avant de la revendre à un groupe américain. Aujourd’hui, avec LodgIQ, il met la data au service de la simplicité. L’objectif : donner aux hôteliers les outils des grands groupes sans la complexité. « On veut rendre le revenue management accessible, comprendre le pouls de la ville, les flux d’aéroports, les micro-marchés. »
Mais au-delà de la technologie, c’est la philosophie de Ramelli qui marque. Il croit à la résilience du métier, à la créativité des hôteliers, surtout français. « Les hôteliers parisiens sont les plus débrouillards du monde. » Et son message est clair : l’avenir appartient à ceux qui reviennent à l’essence du métier. « L’hôtellerie, c’est l’accueil. Si on enlève le souci du prix, on peut enfin se concentrer sur ce qui compte : le client. »
Un échange riche, à la fois nostalgique et visionnaire, qui retrace trois décennies d’innovation, d’intuition et d’amour du métier. À écouter et à voir absolument sur Youtube.