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A quel point l’IA automatisera-t-elle la distribution de voyages ? TOM s’est entretenu avec Frédéric Brajon, Cofondateur de Saegus, pour en savoir plus sur l’impact et les défis de l’IA agentique et des systèmes multi-agents. Une évolution qui marque peut-être la fin du prix comme critère principal d’achat. Pour se démarquer parmi la multitude d’offres pouvant être instantanément consulté par des robots, les marques n’ont pas d’autres choix que de modéliser la connaissance client et le côté expérientiel de leur produit pour les rendre lisibles par l’IA.
Frédéric Brajon : La technologie prend de l’ampleur rapidement ces derniers mois, mais elle n’impacte pas encore directement le business. D’ici fin 2025, ce ne sera pas tant le MCP qui changera la donne, mais la démocratisation des capacités de l’IA agentique. Ces agents de plus en plus puissants, interconnectés à différents services et plateformes, vont transformer radicalement les sites e-commerce tels qu’on les connaît aujourd’hui.
Le MCP permet d’anticiper un futur où chacun pourra faire appel à des bots personnalisés, facilement construits avec des plateformes no-code ou low-code. Nous aurons notre assistant personnel pour exécuter des tâches et interagir avec des systèmes complexes.
Pour les entreprises, c’est l’effet inverse : elles doivent se préparer à cette tendance naissante qui deviendra le nouveau modèle d’interaction. Elles devront développer des agents internes pour optimiser leurs processus et permettre à un écosystème externe de s’interconnecter avec leurs services.
Prenons l’exemple du voyage : aujourd’hui, rechercher sur trois sites, comparer Booking avec d’autres plateformes, c’est un usage inchangé depuis 10 ans. Demain, je pourrai demander à mon agent de me trouver une destination ensoleillée à plus de 20 degrés dans le sud de l’Europe, près de la mer ou de la montagne, dans un hôtel aux caractéristiques précises, au meilleur prix. L’agent se connectera aux différentes plateformes, retiendra la meilleure option et effectuera la réservation sur validation.
Le MCP est un protocole, pensez à une clé USB standardisée qui fonctionne sur tous les ordinateurs. Il standardise les échanges entre votre agent et le service appelé, mais ne gère pas directement la sécurité. La seule configuration nécessaire reste l’authentification, comme un mot de passe Booking ou une clé d’API pour accéder aux services correspondant à votre abonnement.
Si je veux créer un agent personnel pour accéder à mon agenda Google, l’agent me demandera mon authentification personnelle. C’est bien mon authentification qui me permet d’accéder à mes données personnelles. Le MCP n’ouvre pas de nouveaux accès ni de failles de sécurité – c’est un tunnel d’information sécurisé.
Il existe des marketplaces de MCP avec une communauté mondiale qui en crée en permanence. D’une vingtaine il y a 5 mois, on en compte aujourd’hui des centaines pour interagir avec tous types de services.
L’enjeu est d’être présent dans cet écosystème naissant. Ces nouveaux usages de consommation évoluent rapidement, et il vaut mieux devancer ce marché. C’est comme l’App Store qui a ringardisé d’autres technologies grâce à sa simplicité de consommation.
Les entreprises ont intérêt à développer leurs MCP officiels labellisés, garantissant sécurité et qualité, face aux MCP open source dont on ne contrôle pas le code. Elles peuvent même conserver un modèle économique payant tout en offrant cette nouvelle interface.
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L’authentification reste nécessaire, il y aura donc toujours une trace. Les marques sauront toujours qui s’est connecté, quels services ont été consommés, à quelle fréquence.
L’avenir proche, ce sont les systèmes multi-agents : un agent orchestrateur qui analyse vos requêtes et dirige vers des agents spécialisés. Imaginez une demande complexe : « J’ai un weekend de 3 jours, je veux du soleil, voir ma mère dans le sud de l’Europe, et j’ai besoin de tenues d’été. » Un agent gérera l’hôtel, un autre les achats vestimentaires, un troisième les réservations restaurant.
Les gagnants seront ceux qui auront ouvert l’accès à leurs systèmes. Si un hôtel n’a pas de MCP, mon agent ne pourra pas interagir avec lui. L’agentique vise à passer de modèles d’analyse à des modèles d’action.
Techniquement, nous savons déjà le faire. Nous avons présenté des systèmes multi-agents fonctionnels il y a deux semaines. Pour les entreprises, l’agentique se développera dès 2025-2026 pour la productivité interne. Par exemple, pour organiser des réunions entre plusieurs collaborateurs.
Pour les usages grand public, je vois un horizon de 5 ans pour l’assistant à tout faire. La limite actuelle est la fiabilité. Dans une chaîne multi-agents, une erreur du premier peut se propager et au lieu de partir dans le sud en été, vous risquez de vous retrouvez en Alaska. L’autonomie décisionnelle des agents sera progressive et nécessitera d’abord une validation humaine avant d’atteindre une autonomie complète.
Il faut expérimenter ces technologies rapidement plutôt que de théoriser. Tester, démontrer ces nouvelles manières de consommer, puis déployer. Cela peut devenir un avantage concurrentiel.
Imaginez sur Instagram : vous voyez une recommandation d’influenceur, vous demandez à votre agent d’acheter le produit à tel prix, dans telle taille. Ces services arriveront vite.
Prenons l’hôtellerie. Si je cherche « une chambre à moins de 200€ pour deux personnes », l’agent aura du mal à faire la bonne recommandation car toutes les offres se ressemblent.
Le parcours expérientiel, c’est enrichir la description : « atmosphère détendue », « environnement technologique », « cuisine créative ». Si ces métadonnées n’existent pas, l’agent ne trouvera jamais ces spécificités.
L’enjeu pour les entreprises est de décrire finement leurs parcours client, d’identifier les thématiques recherchées par profil, et d’associer ces métadonnées à leurs produits. Les marques font déjà cette analyse marketing, mais maintenant il faut modéliser la connaissance client pour qu’elle soit consommable par les agents.
Si je précise « parisien de 30 ans, gros pouvoir d’achat, envie de nature avec tout le confort de la capitale », ces caractéristiques doivent être intégrées dans la description produit pour que l’agent puisse les identifier et recommander l’offre appropriée au voyageur.
Photo d’ouverture : imgix
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