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En développant un Model Context Protocol (MCP), un voyagiste peut rendre son inventaire accessible aux assistants IA comme ChatGPT, Gemini ou Claude. Une évolution qui ouvre la voie au protocole Agent2Agent de Google susceptible de transformer le visage du commerce en ligne. Pour Kleio, le futur de la réservation de voyages se fera entre deux agents virtuels.
Le Model Context Protocol (MCP) s’impose comme un standard parmi les éditeurs de grands modèles linguistiques pour faciliter l’accès aux bases de données par les intelligences artificielles. Vous aidez les voyagistes à s’emparer de l’IA, cette évolution constitue-t-elle davantage une opportunité ou une menace ?
Philippe Wellens (au centre), Cofondateur et CEO de Kleio. Crédits : Kleio
Philippe Wellens : Google et tous ses concurrents adoptent le standard d’Anthropic. Pour les éditeurs d’IA, l’enjeu derrière cette adoption est de savoir quel outil a la plus grosse communauté de développeurs et d’entrer en concurrence sur la qualité des modèles. C’est à la fois une bonne chose et une menace, je dirai que c’est à double tranchant. De notre point de vue, c’est une opportunité parce que cela facilite les intégrations de l’IA à des outils d’achat de voyage en ligne. Le voyage est un secteur particulièrement exposé aux évolutions technologiques et je suis persuadé que les outils de planification de séjours recourant à l’IA vont se multiplier dans les six mois à venir.
Pour le consommateur, ça va être de plus en plus simple de réserver son vol, faire une modification sur un billet d’avion ou d’aller faire une réservation d’hôtel à mesure que les serveurs MCP se multiplient. Cela accroît davantage la facilité donnée à l’utilisateur final mais impose aux tour-opérateurs et acteurs du voyage de monter dans le train de l’IA. Pour continuer d’exister dans cet écosystème, les acteurs du voyage doivent disposer de leur propre agent IA qui leur permet de fournir un minimum de sécurité et de contrôle tout en répondant aux besoins de l’entreprise.
Pour un voyagiste, utiliser un MCP peut constituer une opportunité d’augmenter ses ventes. Quelles sont les limites d’un tel dispositif ?
Dans le domaine du voyage, la qualification du besoin se fait de manière itérative. L’IA est capable d’interpréter une requête simple comme ‘Trouves moi un vol aller-retour dans 2 semaines à Venise”, mais quelques échanges sont nécessaires pour comprendre le nombre de voyageurs, les activités et le type de logements recherchés sur place. Le MCP ne permet pas de résoudre ces problématiques tout comme il est incapable de gérer la recommandation de produits additionnels de manière cohérente. Pourtant, il s’agit d’un séjour assez simple, on ne parle pas d’un safari ou d’un séjour incluant plusieurs destinations.
Utiliser un agent IA permet de définir des critères de sélection et de recommandations précis tout en facilitant la définition du besoin. En l’état, le MCP est intéressant pour des offres packagées – 1 semaine en all-inclusive pour 2 à Dubaï pour moins de 1000€ par ex – où le besoin est extrêmement précis. Cela représente une petite catégorie d’utilisateurs. A mon sens, tous les tour-opérateurs positionnés sur des offres sur-mesure ne sont pas menacés par ce protocole.
Il est peu probable que les acteurs du voyage acceptent de céder leur inventaire à un intermédiaire sans contrepartie. Comment pallier cela ?
Je doute que les acteurs du Voyage se précipitent pour développer un MCP car cela reviendrait à perdre la main sur leur inventaire sans aucun contrôle. En revanche, en développant leur propre agent, les voyagistes ont l’opportunité de rendre disponible le contenu de voyage qu’ils souhaitent via les modèles d’IA. L’agent utilise le MCP pour se connecter à des outils selon les règles imposées par l’entreprise.
Techniquement, cela permet par exemple d’augmenter le tarif des séjours proposés via cet intermédiaire mais cela offre avant tout l’opportunité de garder le contrôle sur son contenu en privilégiant tel ou tel produit de son catalogue dans le respect de la politique de vente de l’entreprise. C’est aussi une manière de protéger ses données en mettant en place une barrière supplémentaire car l’utilisation de MCP en l’état peut entraîner des risques en matière de sécurité.
Pour Kleio, le futur de la réservation de voyages se fera donc entre deux agents d’intelligence artificielle ?
Toutes les entreprises ont un besoin de contrôle et de sécurité. Aujourd’hui, Kleio fournit un agent IA qui peut parler avec le consommateur directement ou avec l’agent de vente. Demain, ce même agent sera capable d’interagir avec l’assistant personnel virtuel d’un consommateur tout en préservant le discours de la marque. C’est une manière de garder le contrôle sur le catalogue produit, sur la data et d’aller aiguiller l’agent du consommateur en lui posant les bonnes questions.
Le standard MCP ouvre l’accès aux données des entreprises aux éditeurs d’IA, demain, le protocole Agent-to-Agent de Google va standardiser les échanges entre assistants virtuels. Chaque marque va avoir besoin d’un agent ambassadeur qui est capable de discuter avec les agents personnels des consommateurs.
Photo d’ouverture : Générée par IA
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